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Lancement de la Déclaration du G8 sur la prévention des violences sexuelles

Lancement de la Déclaration du G8 sur la prévention des violences sexuelles dans les zones de conflit, le 11 avril 2013 à Londres.

Cela a été publié dans le cadre du 2010 to 2015 Conservative and Liberal Democrat coalition government
Young vulnerable girls and boys (including sexual violence survivors) at an apprentice course, learning skills in mechanics, welding and sewing. Photos credit Adel Sarkozi, CARE International UK.

Young vulnerable girls and boys at an apprentice course in the DRC. Photo: Adel Sarkozi, CARE International UK

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a déclaré:

Madame et Messieurs les ministres des Affaires étrangères, chers collègues, Excellences, Mmes et MM les membres du Parlement, Mesdames et Messieurs, bienvenue à Lancaster House, où les ministres des Affaires étrangères du G8 sont aujourd’hui réunis.

Nous avons eu des conversations très nourries à propos de la Syrie, de la Corée du Nord, de l’Iran et de l’Afrique du Nord, comme l’on pouvait s‘y attendre.

Mais avec le présent événement, auquel vous avez pris votre part, il s’agit de quelque chose de différent.

Le G8 représente plusieurs des plus grandes économies et des pays les plus puissants au monde.

Il comprend, entre autres, quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Nous sommes en mesure de jouer un rôle de tout premier plan s’agissant des plus vastes problèmes du monde d’aujourd’hui.

Il faut inclure parmi ces questions l’effroyable pratique du recours au viol et aux violences sexuelles comme arme de guerre dans divers conflits à travers la planète.

Il s’agit là d’une des plus grandes formes d’injustice dans le monde, et l’une des plus persistantes.

C’est aussi l’une de celles qui sont le plus négligées.

Nous savons que des dizaines de milliers de femmes ont été violées en Bosnie-Herzégovine dans les années 1990, des centaines de milliers lors du génocide au Rwanda, et jusqu’à 250 000 ces dix dernières années en République démocratique du Congo.

Nous savons qu’une énorme proportion des victimes de violences sexuelles sont des enfants, souvent très jeunes, et parfois des bébés.

Nous savons que ces violences infligent des souffrances inimaginables, qu’elles brisent des familles et des communautés entières, et qu’elles alimentent les conflits.

Et pourtant, une majorité écrasante des survivants ne se voient jamais rendre justice pour ce qu’ils ont eu à endurer.

Et aucune démarche internationale concertée n’a jamais été lancée, avec l’appui des grandes puissances, pour commencer, d’abord, par éliminer la violence sexuelle dans les zones de conflit.

Cette situation doit changer. Cette cause représente à mes yeux, pour notre génération, l’équivalent que celle qu’a été jadis la lutte contre le trafic d’esclaves.

Je sais bien qu’il s’agit d’un sujet difficile et pénible, et que l’on tend à éviter d’en parler.

Les victimes de violences sexuelles sont aux prises avec une stigmatisation totalement injuste et profondément enracinée, dont il nous appartient de les libérer.

J’entends souvent prétendre que le viol fait partie des aléas de la guerre, ou, pire encore, qu’il s’agit d’un phénomène d’ordre culturel.

Et je sais bien que pour certains cela semble un phénomène fort éloigné de nos rivages – alors même que des camps dédiés au viol ont été établis, de notre vivant, sur le sol européen, et alors même que nous disposons au jour le jour, d’une simple pression du doigt, de récits de survivants et de statistiques au sujet de ces crimes.

Le moment est venu de mettre à bas les mythes qui entourent les violences sexuelles.

Nous devons avoir pour objectif un monde où il sera inconcevable que des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes puissent être violés lors de conflits – et cela parce qu’un dispositif international le rend désormais impossible en combinant la dissuasion et l’obligation de rendre des comptes.

Voilà pourquoi, il y a un an, j’ai inscrit ce problème à l’ordre du jour du G8, en demandant à mes homologues les ministres des Affaires étrangères de collaborer avec moi dans cette démarche: afin que les Gouvernements finissent par en faire davantage face à ce phénomène, en plus de ce que font déjà sur le terrain nombre de mouvements et d’individus particulièrement courageux.

Je suis donc très heureux d’annoncer qu’aujourd’hui, nous sommes parvenus à un accord historique entre ministres des Affaires étrangères, puisque nous nous sommes engagés à œuvrer de conserve pour mettre un terme aux violences sexuelles dans les zones de conflit.

C’est un honneur que de vous présenter la Déclaration que nous venons d’adopter, ainsi que les modalités d’action pratiques qui vont maintenant en découler.

Et c’est un privilège de le faire en présence de deux personnalités internationales particulièrement inspirées, Zaïnab Bangura et Angelina Jolie.

Zaïnab Bangura est la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU sur la violence sexuelle dans les conflits armés, rôle dont elle s’acquitte avec beaucoup de détermination et de passion, et je suis très heureux de collaborer avec elle de la manière la plus étroite.

Angelina Jolie a travaillé avec moi à chacune des étapes de la mise au point de l’initiative qui a abouti à cette Déclaration du G8. Je lui suis très reconnaissant, et en particulier pour nous avoir fait bénéficier de l’expérience qui est la sienne en tant qu’Envoyée spéciale du Haut-Commissaire des Nations Unies aux Réfugiés.

Je les inviterai toutes les deux dans un instant à prendre la parole.

Mais tout d’abord, je voudrais décrire brièvement ce sur quoi le G8 s’est mis d’accord aujourd’hui.

Premièrement, nous avons mis au point une déclaration historique qui considère le viol et les violences sexuelles aggravées dans les conflits comme autant de graves violations de la Convention de Genève, au même titre que les crimes de guerre. Par conséquent, il nous incombe de rechercher activement, de poursuivre en justice ou de livrer pour jugement toute personne accusée de ces crimes, quelle qu’en soit la nationalité, où qu’elle se trouve dans le monde. Il nous faut réduire, puis éliminer, les endroits où peuvent chercher refuge les responsables de viols en temps de guerre, et la présente Déclaration constitue un pas dans cette direction.

Deuxièmement, nous nous sommes engagés à mettre au point un Protocole international de large portée sur les enquêtes et la collecte d’informations sur le viol et les violences sexuelles dans les zones de conflit. Le Royaume-Uni va jouer un rôle moteur de tout premier plan dans la mise au point, cette année, de ce Protocole avec l’aide d’experts du monde entier. Ce texte va définir des normes internationales optimales pour les enquêtes sur les viols et violences sexuelles, afin de garantir que les éléments de preuve les plus solides possibles soient recueillis et que les survivants vont recevoir un soutien prolongé et bien adapté, le tout devant permettre de faire aboutir un plus grand nombre de poursuites judiciaires abouties

En troisième lieu, notre déclaration prescrit que les accords de paix ne devraient jamais prévoir d’amnistie pour les violences sexuelles, et nous nous sommes engagés à ce que l’obligation de rendre des comptes s’agissant de violences sexuelles soit reconnue de la manière la plus explicite dans tout accord de paix auquel les pays du G8 peuvent avoir affaire. Pareils engagements sont indispensables si nous voulons que le viol et les violences sexuelles cessent d’être traités comme des problèmes d’ordre secondaire, et que les femmes et les droits qui leur sont propres figurent au premier plan et à une place centrale dans tout dispositif de résolution d’un conflit.

Quatrièmement, nous nous sommes promis de revoir les doctrines et les formations que nous fournissons à nos propres forces armées et de police. Nous allons nous assurer que les effectifs que nous déployons dans les zones de guerre sont bien formés pour agir comme il le faut face aux violences sexuelles qui peuvent s’y produire. Nous allons aussi nous assurer que ces préoccupations sont intégrées dans les formations que nous prodiguons aux troupes de maintien de la paix d’autres pays. Il s’agit là d’un élément absolument fondamental, puisque les membres des forces armées sont souvent les premiers à se trouver en présence de survivants, et qu’ils peuvent aussi avoir à jouer un rôle non-négligeable dans l’évolution des comportements masculins.

Cinquièmement, nous avons déclaré notre appui au déploiement d’experts internationaux pour améliorer la capacité des pays tiers en matière de poursuites, d’enquête et de législation dans ce domaine. Il est essentiel que tous les pays consentent un effort pour renforcer les capacités communes d’expertise qui permettent à l’ONU de combattre les violences sexuelles. Le Royaume-Uni a d’ores et déjà formé une équipe de plus de 70 experts y compris des médecins, des experts en police scientifique, des policiers et des spécialistes des questions féminines. Cette équipe a été, pour ses six premiers mois, déployée en Bosnie, aux frontières de la Syrie et en Libye. Plus tard cette année, nous renforcerons les déploiements aux frontières de la Syrie et en Bosnie, au Sud-Soudan, au Mali et en République démocratique du Congo. Nous sommes aussi en pourparlers avec le Gouvernement de Somalie pour appuyer ses propres efforts.

En sixième lieu, nous avons lancé un appel en faveur de nouveaux financements au bénéfice des dispositifs internationaux de prévention et d’intervention. Il nous faut augmenter les ressources disponibles à travers le monde pour lutter contre les violences sexuelles dans les zones de conflit.

Je suis donc très heureux que bon nombre de mes collègues du G8 soient en mesure d’annoncer dès maintenant un accroissement de leurs contributions financières, ce qu’ils ont confirmé lors de notre réunion d’aujourd’hui. Elles totalisent près 35,5 millions de dollars, soit 23 millions de livres sterling.

Ce montant comprend plus de 10 millions de livres sterling de la part du Royaume-Uni : la moitié provenant du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth en appui aux projets d’associations locales et de défense des droits de l’homme concernant les violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles, ainsi que des projets plus généraux dans le même domaine. L’autre moitié provient du ministère du Développement international (DfID), qui va, lui, se pencher sur les causes premières de la violence contre les femmes et les jeunes filles dans les zones de conflit. Et je voudrais remercier ma collègue Justine Greening, ministre du Développement international, pour son engagement sur ce sujet. Je suis aussi heureux d’annoncer une contribution de 150 000 livres sterling du Royaume-Uni au Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Enfants et les conflits armés.

Enfin, la Déclaration souligne que les dispositifs de protection contre les violences sexuelles devraient être intégrés à la première phase de toute réponse à un conflit et à des urgences humanitaires. La Déclaration comporte aussi des engagements de toute première importance concernant les droits des femmes et des enfants, la protection des défenseurs des droits fondamentaux des femmes, ainsi que la nécessité d’une approche diversifiée –- sanitaire, psychologique, juridique et économique – s’agissant du soutien aux survivants de violences sexuelles.

Je suis très reconnaissant envers mon homologue allemand, le ministre Guido Westerwelle, pour avoir évoqué lors de cette réunion la nécessité d’assurer le suivi de ces engagements lors des présidences ultérieures du G8, comme lors de la présidence allemande dans deux ans.

La présente Déclaration est importante mais elle ne constitue qu’un début. Il faut maintenant que de nombreux autres pays se joignent à nous.

Par conséquent; lorsqu’il va revenir au Royaume-Uni de présider le Conseil de sécurité de l’ONU à partir du mois de juin, je m’y rendrai pour conduire un débat sur ce sujet, et ce sera aussi l’une de mes grandes priorités pour l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.

Maintenant que nous avons inscrit le viol en temps de guerre à l’ordre du jour de la communauté internationale, il ne doit plus jamais en être retiré et il faut même le pousser encore plus en avant.

Mesdames et Messieurs, le 17e siècle a cru qu’il serait impossible de mettre un terme au trafic d’esclaves, et pourtant celui-ci a été éradiqué.

On a cru qu’il serait impossible d’agir, à l’échelle internationale, contre les mines anti-personnel, les bombes à fragmentation et le changement climatique, et c’est pourtant à travers le monde que l’on intervient aujourd’hui dans tous ces domaines.

Voici seulement deux semaines, nous sommes parvenus à un Traité sur le commerce international des armes, dont nombreux étaient ceux qui doutaient qu’il puisse jamais être adopté.

Aujourd’hui, nous savons ce qu’il en est dans la réalité des violences sexuelles en zones de conflit, et nous avons les moyens d’y faire quelque chose.

Par conséquent, en Grande-Bretagne, nous n’allons pas détourner notre regard, nous n’allons pas non plus relâcher notre effort jusqu’à ce que le monde accepte de faire face à ses responsabilités pour éradiquer cette forme de violence.

La présente Déclaration constitue une étape importante dans cette démarche, et un tournant pour notre histoire commune.

La représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU sur les violences sexuelles dans les conflits, Zainab Hawa Bangura, a déclaré:

Madame et Messieurs les ministres des Affaires étrangères, Excellences, Mmes et MM les membres du Parlement, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui nous nous donnons la main et nous donnons de la voix à l’unisson, rompant le silence sur le crime le plus ancien et le moins condamné de toute l’histoire – le recours aux violences sexuelles comme arme de guerre.

Ce faisant, nous nous montrons solidaires des milliers et milliers de victimes et survivants à travers le monde. Pour leur dire qu’ils ne sont pas oubliés, que leur situation tragique relève de la plus haute priorité, au niveau le plus élevé.

Que ce débat ait lieu ici, au sein du cercle du G8 qui regroupe certains des pays les plus influents, voilà qui représente une avancée remarquable dans les démarches visant à éradiquer ce crime.

La Déclaration que vous publiez aujourd’hui affirme un peu plus encore notre conviction que la violence sexuelle dans les zones de conflit représente une menace fondamentale pour la paix et la sécurité internationales, et qu’à ce titre elle appelle une réaction tout à la fois pratique et stratégique dans les domaines de la justice et de la sécurité.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a montré la voie ces trois dernières années, en opérant le changement de paradigme qui a fondamentalement transformé la façon dont nous abordons ce fléau.

Ainsi, tout en nous concentrant sur nos obligations envers celles et ceux qui survivent aux violences sexuelles – la fourniture des services vitaux, sanitaires, psycho-sociaux, juridiques et autres dont ils ont besoin pour reconstruire leur vie – désormais nous jetons aussi, de manière plus collective, un coup de projecteur sur les coupables. Tous ceux qui commettent, commanditent ou tolèrent le recours à la violence sexuelle dans les conflits

Le rôle personnel de premier plan du Secrétaire général des Nations Unies, l’attention particulière du Conseil de sécurité et l’engagement du G8 tel qu’il se manifeste dans la présente Déclaration, tout cela signale une seule et même intention sans la moindre équivoque: le recours à la violence sexuelle dans les conflits ne sera pas toléré, et l’ordre international pèsera de tout son poids pour garantir que les coupables de tels crimes aient à rendre compte de leurs actes.

Pour les coupables, il ne saurait y avoir ni endroit où se cacher, ni amnistie, ni refuge sûr. Ils seront poursuivis par tous les moyens, quels qu’ils soient, qui se trouvent collectivement à notre disposition.

C’est ainsi que nous commencerons à faire passer la stigmatisation de ce crime des victimes vers les coupables;

Mesdames et Messieurs, je viens ici aujourd’hui après m’être rendue pour la première fois en République démocratique du Congo et en Somalie.

A Mogadiscio, je me suis entretenue avec Luul Ali Osman qui, il y a trois mois, a dû affronter dans toute leur rigueur l’opprobre, l’arrestation et l’emprisonnement pour avoir osé évoquer publiquement du viol que lui avaient fait subir des membres des forces de sécurité dans un camp de personnes déplacées. Mais ces derniers mois, c’est grâce à nos démarches à nous tous que Luul a été libérée, ainsi que ceux qui ont osé prendre publiquement fait et cause pour elle.

Et il y a trois jours, s’adressant aux élèves de l’école militaire à Mogadiscio, le Président Hassan Cheikh Mohamud a déclaré que les membres des forces de sécurité qui violent des citoyennes somaliennes seront combattus et neutralisés comme n’importe quel autre ennemi du pays.

Je félicite le Président et son Gouvernement pour leur détermination, et je m’attends à une autre étape importante dans la lutte pour la prévention des violences sexuelles en Somalie lorsque la communauté internationale se réunira ici à Londres dans quelques semaines pour la Conférence des donateurs.

En République démocratique du Congo, j’ai rendu visite à des populations locales où, au cours de l’année écoulée, ce sont 11 bébés âgés de six à douze mois qui ont été violés. Face à de telles horreurs, nous ne pouvons faire autre chose que transformer, au plus profond de nous-mêmes, le désespoir en une détermination inébranlable, celle d’épargner cela à nos enfants.

Cette détermination doit être proportionnelle à la férocité de ceux qui voudraient commettre des crimes aussi inconcevables, accompagnée de notre insistance inflexible et de tous les instants à faire rendre des comptes et, en dernière instance de dispositifs de dissuasion et de prévention.

L’engagement ferme que m’a fait personnellement le Président Kabila en faveur de poursuites plus effectives en matière de violences sexuelles est d’une importance absolument cruciale, et il convient qu’ensemble nous prenions le Président au mot. Dans le même temps, nous devons, à lui et à son gouvernement, apporter notre appui technique et financier pour que ce problème soit traité de manière décisive.

Excellences, Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, la Déclaration du G8 envoie un signal de lumière et d’espoir à Luul Ali Osman, aux nombreuses communautés dévastées du Congo ainsi qu’aux innombrables autres survivants de conflits à travers le monde.

Nous avons, plus qu’à aucun autre moment de l’histoire, l’occasion de porter un coup mortel à ce mal vieux comme le monde. Le recours aux violences sexuelles lors de conflits n’a rien d’inévitable; l’éradiquer n’a rien d’une mission impossible.

Puisse-t-il s’agir là d’un moment décisif; le moment, pour nous, de mettre un terme à ce crime qui constitue une flétrissure pour notre humanité tout entière.

Je vous remercie.

L’envoyée spéciale du HCR, Angelina Jolie, a déclaré:

Madame et Messieurs les ministres des Affaires étrangères, Mmes et MM les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, des centaines de milliers de femmes et d’enfants ont eu à subir des agressions et des tortures de nature sexuelle ou ont été contraints à l’esclavage sexuel au cours des guerres qui ont émaillé l’histoire de notre génération.

A de multiples reprises, le monde n’a pas su prévenir ces abus, ni faire rendre des comptes aux coupables.

Le viol a été traité comme une pratique ordinaire en temps de guerre; les coupables se sont rendu compte qu’on les laisserait faire; et les victimes n’ont pas obtenu que justice soit rendue. Or le viol en temps de guerre n’a rien d’inévitable. On peut prévenir ce type de violence, et il faut l’affronter.

Ils sont nombreux ceux qui, individuellement ou à travers des organisations non gouvernementales, ont œuvré sans relâche, des années durant, pour faire quelque chose face à ces crimes.

Mais la volonté politique a fait cruellement défaut à l’échelle internationale.

J’ai entendu des victimes de viols, de la Bosnie à la République démocratique du Congo, dire qu’elles ont l’impression que le reste du monde ne se préoccupe tout simplement pas de leur sort. Et qui pourrait leur en vouloir?

Pendant trop longtemps, elles ont été les victimes oubliées des guerres: sans aucune responsabilité pour le mal accompli, mais ayant à en endurer la souffrance la plus aigüe.

Mais aujourd’hui, je crois, leur voix a été entendue, et nous avons finalement de l’espoir à leur offrir.

Je salue la position qu’a fini par adopter le G8, et cette Déclaration historique.

Et je voudrais remercier les Gouvernements des pays qui, aujourd’hui, se sont engagés à fournir des contributions financières.

J’approuve tout particulièrement le vocabulaire vigoureux qui est celui de la Déclaration s’agissant des droits et libertés des femmes et des enfants, ainsi que la promesse qui y figure de faire participer les femmes aux processus de paix et aux transitions vers la démocratie.

Je salue la reconnaissance des victimes de violences sexuelles de sexe masculin, ainsi que les modalités d’intervention pratiques promises pour mettre fin à la stigmatisation des survivants et pour œuvrer à leur réhabilitation – tout particulièrement en ce qui concerne les enfants.

On ne saurait choisir entre la paix et la justice: la paix passe par la justice.

Je salue donc l’engagement qu’a pris à cet égard le G8 de considérer le viol et les violences sexuelles dans les conflits armés comme autant de graves violations des Conventions de Genève, et de n’accorder jamais d’amnistie à ceux qui commettent de tels crimes.

J’apporte aussi tout mon soutien aux travaux qui vont maintenant commencer pour la mise au point d’un Protocole international sur les enquêtes et la collecte d’informations sur les violences sexuelles en zones de conflit, et je me réjouis d’avance de son adoption.

Madame et Messieurs les ministres des Affaires étrangères, ils sont des millions à avoir attendu que vous preniez les engagements qui sont désormais les vôtres, et ils vont observer leur mise en application.

Vous avez promis de faire ensemble ce qu’il faut en faveur d’une meilleure prise de conscience des violences sexuelles et pour écarter tout ce qui peut faire obstacle à la justice.

Et on ne saurait sous-estimer l’importance de cet engagement.

Il est aussi encourageant de voir des hommes occupant des postes dirigeants de premier plan prendre publiquement position contre le viol, et j’espère que bien d’autres vont suivre votre exemple.

Je voudrais rendre hommage à Zaïnab Bangura pour son magnifique et courageux travail.

Et je voudrais aussi remercier William Hague pour son rôle décisif:

Le viol n’est pas une affaire de femmes, ou une question d’ordre humanitaire. C’est un problème de dimension mondiale, et il relève donc du plus haut niveau de la prise de décision internationale qui est celui d’aujourd’hui, et celui-là même où William Hague l’a placé.

Je serai donc heureuse de faire campagne avec lui dans les enceintes de l’ONU, et je lance un appel aux autres gouvernements pour qu’ils fassent à leur tour de cette cause une priorité.

S’ils le font, ce sera le début d’une nouvelle alliance mondiale contre le viol et les violences sexuelles dans les zones de conflit, avec comme conséquence la fin de l’impunité.

Je vous remercie.

Publié le 11 April 2013