Discours

Le Royaume-Uni et la France: hier, aujourd'hui et demain

Discour du Ministre des Affaires Étrangères britannique à Paris le jeudi 8 novembre 2018.

Landscape of Jeremy Hunt doing a speech

Je suis très heureux d’être ici à Paris ce matin, dans ce cadre historique.

Et pour utiliser un euphémisme tout britannique, il s’agit d’un moment important pour l’avenir des relations entre nos deux pays.

Des moments comme celui-ci, notre histoire en a connu beaucoup au fil de son long cours, et nous savons, sans l’ombre d’un doute, qu’il y en aura bien d’autres encore dans les décennies à venir.

Et ce qui compte, c’est ce que nous décidons de faire de ces moments.

Il appartient à chaque génération de prendre ces décisions.

De tracer sa propre trajectoire et déterminer son destin et celui de son pays.

Ce qui est unique à propos de la relation entre le Royaume-Uni et la France, c’est de voir à quel point ces décisions, ces destinées ont été inextricablement liées et continueront de l’être. Cette longue histoire a connu, comme nous le savons tous… disons-le avec diplomatie… ses hauts et ses bas.

Et c’est une relation faite de concurrence et de coopération, de similitude et de différence.

En fait, c’est précisément, selon moi, ce mélange qui lui donne sa force – parce que nous avons fait un choix – depuis près de 200 ans – celui d’œuvrer la main dans la main.

Et j’ajouterai l’affirmation suivante : la relation entre nos pays – née d’une géographie, d’une histoire et d’une culture communes, et pétrie de luttes et de sacrifices communs, est aussi importante aujourd’hui que jamais ; que nos fortunes sont aussi liées entre elles que jamais ; et que l’argument en faveur du partenariat le plus étroit entre le Royaume-Uni et la France est aussi solide que jamais.

Or, la façon dont évolue ce partenariat dépend des décisions que nous prenons maintenant.

C’est ainsi qu’aujourd’hui je souhaite examiner les choses sous tous leurs angles – examiner notre passé, notre présent et notre avenir – avenir qui, certes, implique de réussir le Brexit, mais qui le dépasse et qu’il appartiendra à la prochaine génération de bâtir.

Le passé Commençons par le passé.

Cette semaine – plus que toutes les autres semaines – notre passé commun revêt un sens et une gravité particuliers.

Ce dimanche, à 11 heures, cela fera exactement 100 ans que les fusils se sont tus sur le front occidental.

À l’Arc de Triomphe ici à Paris et au Cénotaphe à Londres, mais aussi dans les villes et les villages de France et du Royaume-Uni, nos pays vont commémorer la fin de la Guerre.

Demain, le Président français et la Première ministre britannique se retrouveront sur les champs de bataille de la Somme – théâtre de combats des plus sanglants.

Ils se souviendront de notre sacrifice commun. L’armée britannique essuya en un seul jour 20 000 pertes humaines dans l’offensive du 1er juillet 1916. La Somme fut notre Verdun.

C’est une guerre qui a changé à jamais nos pays et notre continent. Une guerre qui a uni les destinées de nos nations – où nous avons combattu et versé notre sang côte à côte pendant plus de quatre ans – une guerre que nous avons finalement remportée.

On oublie parfois que pendant les derniers mois de cette guerre, les deux millions de soldats de l’armée britannique se sont battus sous le commandement français pour la première fois.

Le Premier ministre britannique, David Lloyd George, a dit du Maréchal Foch qu’il était « le seul général sur le champ de bataille doté de la capacité de décision et de la vision nécessaires pour planifier une telle campagne ».

Après l’armistice, Foch déclarera : « j’ai conscience d’avoir servi l’Angleterre comme mon propre pays », paroles qui sont gravées sous sa statue près de la gare Victoria à Londres.

Pour autant, la victoire rendue possible par cette coopération franco-britannique a eu un prix terrible.

575 000 soldats britanniques et du Commonwealth sont enterrés ici en France, aux côtés de 1,4 million de leurs camarades français tombés avec eux.

Les rangées après rangées de pierres tombales blanches muettes en disent plus long que nous ne pourrions jamais le faire sur la solidité de notre alliance, et la profondeur de notre sacrifice commun.

J’ai la chance d’être issu d’une génération qui n’a jamais connu une telle horreur, et qui a bénéficié de la paix et de l’amitié que nous avons bâties avec l’Allemagne, que nous marquerons également ce week-end.

Or, si notre histoire commune nous a appris une chose, c’est sans aucun doute à chérir la paix – et à ne jamais la tenir pour acquise.

Bien sûr, notre histoire remonte à bien plus loin qu’un siècle.

La relation que le Royaume-Uni a avec la France est longue et complexe, et c’est l’une des plus importantes que nous ayons avec un pays dans le monde.

Cela fera bientôt 1 000 ans depuis que Guillaume le Conquérant débarqua près de Hastings, et que le duc de Normandie fut couronné roi d’Angleterre.

La tapisserie de Bayeux, qui retrace le récit de l’arrivée de Guillaume en Angleterre, n’était en fait que le premier chapitre de l’histoire franco-britannique.

Si nous mettions à jour la tapisserie, elle ferait par sa longueur l’aller-retour Paris-Londres.

Elle commenterait nos hauts et nos bas, nos amitiés et nos inimitiés, nos triomphes et nos défaites. C’est pourquoi la décision du Président Emmanuel Macron de prêter la tapisserie de Bayeux au Royaume-Uni – annoncée lors du sommet de Sandhurst au début de l’année – a tant stimulé l’imagination du public outre-Manche.

Elle représente – littéralement – le fil commun de notre histoire partagée, et va droit au cœur de l’identité de nos deux pays. Ce sentiment de similitude et de différence, on le retrouve à travers les neuf siècles suivants.

Et il s’étend jusqu’à la période la plus récente de notre histoire au cours de laquelle, depuis près de 200 ans désormais, le Royaume-Uni et la France sont non seulement en paix, mais unies dans une alliance, solidaires contre le danger et, à deux reprises en un siècle, lorsque l’existence même de nos nations a été menacée.

Aujourd’hui Pourquoi tout cela est-il important ? Parce que cela n’appartient pas aux livres et aux musées.

C’est le socle du monde que nous construisons – ensemble.

Et dans ce monde – nos pays sont aussi intimement liés que jamais, nos histoires sont entrelacées comme elles l’ont toujours été.

Voisins géographiques ; séparés par 33 kilomètres de ce que Churchill avait qualifié de : « bande d’eau salée », mais reliés aujourd’hui par un tunnel que traversent chaque jour 57 000 personnes.

Un nombre impressionnant de Britanniques – ils sont 12 millions – visitent la France chaque année et plus de Français visitent le Royaume-Uni qu’aucune autre nationalité. Des centaines de milliers de nos concitoyens choisissent de vivre dans le pays de l’autre, où ils apportent une contribution si importante et où ils sont des membres précieux de leurs communautés.

Je voudrais saisir cette occasion pour souligner l’engagement de la Première ministre vers la communauté française – et tous les citoyens de l’Union européenne – vivant au Royaume-Uni, en protégeant leurs droits après notre départ de l’Union européenne. Et je suis sûr que les mêmes garanties seront offertes à nos citoyens résidant ici en France.

C’est une relation qui s’appuie sur des liens humains d’amitié.

Et, à l’échelon gouvernemental, sur le fait que la France et le Royaume-Uni sont toutes les deux des nations européennes à vocation mondiale, qui partagent les mêmes valeurs, et qui voient le monde en général de la même façon. Nous avons contribué à façonner l’ordre mondial, et nous partageons le même intérêt à le défendre.

Nous sommes confrontés aux mêmes menaces terroristes, et nous savons que nous devons travailler la main dans la main pour les vaincre.

Nous savons tous les deux que parfois pour défendre la paix, il faut être prêt à recourir à la force militaire.

Nous savons que les menaces à la paix et à la sécurité en Europe sont plus graves qu’elles ne le sont depuis une génération, et qu’étant les deux seules puissances militaires majeures en Europe, nous devons affronter ces menaces ensemble.

Nous croyons tous les deux à la dissuasion nucléaire, et au maintien de nos moyens de dissuasion pour notre défense et celle de nos alliés.

C’est pourquoi nous formons si souvent des positions communes, notamment au Conseil de Sécurité où nous avons chacun un siège permanent, pour faire face à un monde de plus en plus instable.

C’est pourquoi, lorsque nos pays ont été attaqués par des terroristes, il y a eu un tel élan de solidarité mutuelle.

Nous n’oublierons jamais le moment où, après l’attaque à Manchester, le Président Emmanuel Macron s’est rendu à pied du Palais de l’Élysée jusqu’à l’ambassade britannique pour exprimer la solidarité de la France, et celui où la foule au Stade de France a entonné l’hymne national britannique – ni le moment où, après l’attaque au Bataclan la foule à Wembley a chanté la Marseillaise.

Voilà pourquoi, après l’attaque à l’arme chimique de Salisbury en mars dernier, la France s’est rangée du côté du Royaume-Uni pour diriger une réponse européenne ferme et agir de concert pour expulser des dizaines de diplomates russes de notre continent.

En avril encore, des avions britanniques et français, avec nos alliés des États Unis, ont conjugué leurs efforts pour frapper les installations chimiques en Syrie et pour imposer une interdiction mondiale d’utilisation d’armes chimiques, interdiction elle-même née des terribles souffrances infligées dans les tranchées il y a 100 ans.

C’est la raison pour laquelle notre coopération en matière de défense – qui a ses origines dans le Traité de Londres de 2010 – est si poussée.

Dans le cadre de l’Opération Barkhane, des hélicoptères Chinook de la RAF, en missions aériennes dans le Sahel, transportent les troupes françaises. Ensemble, nous avons constitué une force expéditionnaire commune interarmées qui sera apte au combat d’ici 2020.

Cette année, nos navires de guerre ont tous les deux défendu la liberté de navigation en sillonnant la Mer de Chine méridionale.

Qui plus est, notre coopération s’étend bien au-delà du domaine de la sécurité pour couvrir la génomique, l’intelligence artificielle, l’espace et le cyberespace.

Par son échelle et son ampleur, notre coopération est probablement plus étroite qu’elle ne l’a jamais été.

L’avenir Ce qui nous ramène à Bayeux.

Aujourd’hui, comme l’a dit le Président Emmanuel Macron à Sandhurst, nous tissons une nouvelle tapisserie.

Quel chemin suivra-t-elle, quelles scènes décrira-t-elle ?

En effet, nous voici à un moment de décision, et les réponses que nous donnerons dans les semaines, les mois qui viennent pourraient définir les contours des relations franco-britanniques, et ceux des relations entre le Royaume-Uni et ses partenaires européens pour bien des années, voire bien des décennies à venir.

Ce qui m’amène, naturellement, au Brexit.

Et là encore, notre histoire est de nouveau importante. Car malgré toutes nos ressemblances, nous sommes aussi différents. Je crois comprendre que, pour beaucoup en France, le résultat du référendum a été décevant. Je sais qu’en France le vote en faveur du Brexit est souvent perçu comme une levée du pont-levis par le Royaume-Uni, qui tournerait le dos à l’Europe et chercherait à prendre « le grand large ».

Mais ce n’est pas comme cela que nous le voyons.

Et c’est là que notre mélange particulier de ressemblances et de différences est important.

La France considère l’Union européenne comme essentielle à son destin, à la stabilité du continent et, par-dessus tout, à sa relation avec l’Allemagne.

Nous reconnaissons cela. Nous le comprenons. Nous l’apprécions.

Cependant, le Royaume-Uni n’a jamais éprouvé tout à fait le même sentiment, et ce pour une simple raison : nos expériences ont été différentes.

Certes, nous sommes similaires dans la mesure où nous sommes tous les deux des pays européens qui tiennent à leur rôle mondial.

Mais nous différons, me semble-t-il, quant à nos sentiments sur le processus de l’intégration de l’Union européenne et ses objectifs. La réalité est que nos citoyens ont toujours été réfractaires au caractère politique de l’Union et incertains quant à sa destination ultime.

Pour nous, cela rend préoccupante l’expérience de la mise en commun des souverainetés qu’implique l’Union – et selon moi cela explique en grande partie le résultat de notre référendum.

En fait, pour la plupart des Britanniques, la conception de l’Europe n’a jamais été la même que celle de l’Union européenne.

En revanche, je crois que pour de nombreuses personnes en France, l’Union européenne est au cœur de leur idée de l’Europe.

Pourquoi cela est-il important ?

Parce que jusqu’à présent dans notre histoire récente, nous avons su puiser des forces dans nos similarités, tout en reconnaissant et en respectant nos différences dans les choix que nous avons faits ensemble.

Et nous voici maintenant arrivés à un autre moment décisif, et les décisions que nous prendrons en tant que gouvernements auront de profondes répercussions.

Nos citoyens ont voté par la voie d’un référendum pour quitter l’Union européenne et ses organes décisionnels.

Nous devons respecter leur choix démocratique.

Toutefois, nous entendons rester à l’avenir une puissance européenne, comme nous l’avons toujours été dans le passé.

Une puissance européenne dont les valeurs demeurent des valeurs européennes.

Une puissance européenne qui a à cœur la sécurité du continent européen.

Une puissance européenne dotée d’un modèle économique européen, de services publics universels et du niveau le plus élevé de protection des consommateurs et de l’environnement.

Une puissance européenne où les enfants continuent à faire des échanges entre eux et apprennent à connaître et à aimer le pays de l’autre – comme je l’ai fait à l’âge de sept ans à Angers en France ; où les étudiants collaborent, où les scientifiques, chercheurs et lauréats de prix Nobel continuent à repousser ensemble les frontières du savoir humain.

Tel est le choix stratégique que nous avons fait dans notre approche de ces négociations. De notre point de vue, il n’y a pas de contradiction à vouloir continuer à coopérer alors même que la relation institutionnelle évolue.

Et donc?

Qu’est-ce que cela implique pour notre avenir, et pour ces négociations, qui entrent désormais dans leur cruciale phase finale ?

J’aimerais faire trois suggestions.

Premièrement, notre passé commun implique bien sûr que nous restions deux nations, chacune défendant ses intérêts nationaux comme nous le jugeons bon, dans l’intérêt du peuple qui nous a élu pour le servir. Toutefois, ayant profondément réfléchi à ces questions au cours des deux dernières années, je pense que tout comme notre intérêt et notre choix sont de rester proches de l’Europe, l’intérêt de l’Union européenne repose lui aussi sur une coopération étroite – pour notre sécurité, nos économies et nos citoyens.

J’espère donc que nous pourrons redoubler nos efforts pour parvenir à un accord. Deuxièmement, nous devons chacun consentir un effort particulier pour comprendre le point de vue de l’autre.

Je sais que certains s’inquiètent qu’un accord qui permettrait au Royaume-Uni de jouir des avantages d’une adhésion sans en avoir les obligations pourrait entrainer une concurrence déloyale et, à terme, le démantèlement de l’Union européenne

Je tiens à être parfaitement clair. Ces inquiétudes, nous les avons entendues, et nous pensons pouvoir les dissiper. De fait, le seul moyen de le faire est de conclure un accord ambitieux qui fournisse le genre de garanties qui sont nécessaires.

N’oubliez pas ce simple fait.

À compter du 29 mars l’an prochain, nous serons à l’extérieur, et non à l’intérieur.

Il n’y aura pas de Premier ministre britannique qui se présentera aux réunions du Conseil européen, pas de ministres pour décider de la nouvelle législation, pas de député britannique au Parlement européen, pas de juges britanniques à la Cour de justice européenne.

Nous ne cherchons donc pas, comme cela est insinué, même ici parfois en France, à avoir « le beurre et l’argent du beurre ».

Nous avons toutefois proposé un cadre de travail pour notre relation future, lequel devrait vous persuader que nous n’allons pas rechercher un nivellement par le bas, et qui devrait permettre à nos relations économiques et sécuritaires de se poursuivre, pas comme elles étaient avant – mais sur des fondations sûres que nous continuerons à renforcer dans les années à venir.

Une relation au sein de laquelle le Royaume-Uni sera un pays tiers – mais qui resterait lié par des liens d’amitié et de commerce pour les décennies à venir.

Les alternatives ne nous donnent pas une telle certitude. Elles optent en faveur de frictions – à nos frontières avec des queues à Douvres et à Calais, au niveau de l’échange d’informations entre nos services de sécurité et dans une divergence accrue dans nos règles et règlements.

Un tel choix me semble être une erreur.

Ma troisième et dernière suggestion est la suivante.

Il ne s’agit pas d’une discussion aride, technique, bien que parfois elle puisse le sembler – avec toutes ces références aux cadres réglementaires, aux périodes de mise en œuvre et autres.

Il s’agit fondamentalement du destin de nos vieilles nations, de notre vieux continent – et de la meilleure façon de bâtir notre avenir en tant que nations européennes.

Il s’agit de déterminer comment tisser le prochain chapitre de la tapisserie, et quelle histoire elle racontera.

Voilà pourquoi je suis passionnément convaincu que nous devons bien nous y prendre, que nous devons faire les bons choix dans les semaines à venir.

De sorte que les générations qui nous succèderont et qui tourneront le regard de l’autre côté de la Manche puissent observer qu’en 2019 le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, et qu’un chapitre s’est refermé.

Mais que l’histoire de l’Union européenne a continué, et que l’histoire de l’amitié et de l’alliance du Royaume-Uni avec l’Europe, et par-dessus tout avec la France, ne s’est pas contentée de durer, mais qu’elle s’est renforcée.

Autrement dit, que la fin du chapitre ne signifiait pas la fin de l’ouvrage. Loin de là. Elle marque le début d’un nouveau chapitre, dans lequel nous aurons trouvé de nouvelles façons d’œuvrer étroitement ensemble.

Ces futures générations verront, je l’espère, que les menaces communes placées devant nous, et qui grandissent, nous les avons affrontées ensemble. Qu’ensemble nous avons défendu l’ordre mondial et les institutions internationales de l’après-guerre qui sont aujourd’hui menacés.

Que nous sommes restés ensemble fidèles à nos valeurs et à nos principes démocratiques, eux aussi mis à mal – en pratique et en théorie – comme jamais auparavant depuis que je suis né.

Qu’ensemble nous nous sommes adaptés aux défis et aux perspectives que la mondialisation présente à nos économies et surtout à nos sociétés.

Je sais que cela n’est pas facile, mais c’est l’espoir que je nourris.

C’est l’espoir du Royaume-Uni.

Je crois que c’est aussi l’espoir de la France, et celui de nos partenaires européens.

Trouvons donc la volonté politique – en tant qu’amis, alliés, partenaires – de traduire cet espoir en réalité.

Publié le 8 November 2018
Dernière mise à jour le 8 November 2018 + show all updates
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