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"Nous pouvons faire de l'action nécessaire contre le changement climatique une opportunité, et non un fardeau"

L'ambassadeur du Royaume-Uni en France Sir Peter Ricketts revient sur la réunion du groupe "croissance verte" à Bruxelles le 28 octobre.

Cela a été publié dans le cadre du 2010 to 2015 Conservative and Liberal Democrat coalition government
Ice in Korea. Bitter cold forms a weird ice pattern in the Han river which runs across South Korea's capital in Seoul.

Ice in Korea. Bitter cold forms a weird ice pattern in the Han river which runs across South Korea's capital in Seoul.

Le 28 octobre dernier à Bruxelles, un groupe important de ministres de l’Union européenne et de représentants des milieux d’affaires, y compris Edward Davey, ministre britannique de l’énergie, s’est réuni pour débattre de la croissance “verte”. Tous les participants sont parties prenantes dans un enjeu qui, tout en les concernant très directement, les dépasse aussi dans une large mesure. Comment les pays d’Europe vont-ils pouvoir faire face au changement climatique, garantir des approvisionnements en énergie et à des coûts abordables, maintenir la compétitivité des entreprises et, tout aussi important, ne pas peser sur le budget des ménages ?

Le Groupe “Croissance verte” de ministres de 13 Etats membres de l’UE qui partagent les mêmes perspectives, y compris le Royaume-Uni et la France, se réunit de manière régulière pour chercher à orienter l’Europe dans une direction à la fois faible en carbone et favorable à la croissance. Ses membres représentent 75% de la population de l’Europe, 85% de sa production de biens et services et 60% des voix au Conseil des Ministres de l’UE. Comme le détaille aujourd’hui cette publication conjointe, “Going for Green Growth: The case for ambitious and immediate EU low carbon action”, le groupe est convaincu que les mesures qui vont permettre de faire face au changement climatique peuvent ouvrir des perspectives fructueuses, au lieu de n’être que des contraints.

Le tout dernier rapport du Groupe international sur le changement climatique décrit la situation on ne peut plus clairement. Si nous continuons à libérer des gaz à effet de serre dans l’atmosphère au rythme actuel, nous nous dirigeons vers une hausse des températures de 4°C par rapport à aujourd’hui. D’après une analyse du gouvernement britannique rendue publique aujourd’hui, les scientifiques conviennent qu’il est possible de contenir cette hausse dans la limite de 2°C, mais à condition que d’ici 2030 l’UE réduise au moins de moitié ses émissions par rapport aux niveaux de 1990.

L’Europe a pris un bon départ en engageant la transition qui s’imposait vers un avenir à faible teneur en carbone. Mais il faut en faire davantage. L’échéance 2020 se rapproche toujours plus rapidement pour les objectifs en matière de climat et d’énergie, et il va falloir prolonger ces derniers jusqu’en 2030 et au-delà. Le système d’échange de droits d’émission de l’UE a besoin d’une refonte radicale s’il doit pouvoir rendre les services que l’on attend de lui. C’est dans deux ans que les dirigeants du monde entier doivent se réunir pour conclure un accord mondial et de grande ampleur sur le changement climatique, et il ne nous reste donc pas beaucoup de temps.

Mettre en place les infrastructures énergétiques à faible teneur en carbone à travers toute l’Europe va créer des emplois pour les populations de l’UE et dégager des bénéfices pour les entreprises, tout en réduisant, au profit d’énergies produites en interne, la dépendance à l’égard de combustibles fossiles importés au prix fort de régions exposées à de multiples risques. A plus long terme, l’orientation que nous avons choisie est celle qui va contribuer à réduire nos factures d’énergie.

La réduction de la teneur en carbone est un secteur très important, qui génère quelque 4 000 milliards d’euros par an à travers le monde, en croissance de 4% par an sur les cinq années à venir, avec déjà presque huit millions d’emplois à travers l’Europe et la possibilité de plusieurs millions d’autres. Les Etats membres de l’UE détiennent déjà à eux seuls 22% du marché mondial, contre 19% pour les Etats-Unis, 13% pour la for Chine et 6% chaque pour l’Inde et le Japon. Pour l’UE, cela représente plus de 900 milliards par an. La récompense n’est donc pas négligeable.

Mais les concurrents de l’UE, Chine et Etats-Unis en tête, lorgnent de manière offensive le marché des biens et services à faible teneur en carbone. A travers le monde, les investissements dans les énergies non polluantes se sont multipliés par six depuis 2004 pour friser les 195 milliards d’euros. En 2009, l’UE était à l’origine de 40% ce cet investissement; l’an dernier, cette proportion n’était plus que de 25%.

Voilà pourquoi nous devons agir ensemble – et de manière ambitieuse – pour conserver et renforcer notre position de leader dans les technologies “propres”.

Nous devons, prioritairement, procurer aux investisseurs potentiels la confiance et la stabilité dont ils ont besoin. Les entreprises veulent avoir de bonnes raisons de maintenir leurs investissements dans une Europe à faible teneur en carbone, et c’est bien la raison pour laquelle le Groupe « Croissance verte » insiste sur la nécessité d’un accord ambitieux au sein de l’UE sur l’énergie et le climat à l’horizon 2030, qui donnerait aux entreprises et aux investisseurs la confiance dont ils ont besoin dès aujourd’hui.

Nous allons aussi devoir parachever le marché unique de l’énergie au sein de l’UE. Si celui-ci doit fonctionner correctement tout en intégrant des sources de production d’électricité faibles en carbone, nous devons garantir la liberté sans obstacles des flux d’électricité « nouvelle génération » à travers les frontières de l’Europe.

Il faut en outre que cela se fasse au meilleur coût possible – pour nos populations comme pour nos entreprises. Cela veut dire que nos pays doivent avoir la flexibilité voulue pour se « décarboner » de la manière qui leur convient le mieux. Mais une assistance sera peut-être nécessaire dans certains cas bien particuliers. Comme bien d’autres pays, le Royaume-Uni a mis en place des mesures qui vont garantir que nos secteurs industriels gros consommateurs d’énergie reçoivent l’appui dont ils ont besoin pendant cette transition, conformément aux règles concernant les aides de l’Etat. Nous gardons aussi un œil vigilant sur l’effet que peuvent avoir nos politiques internes « vertes » sur nos factures d’électricité domestiques. En ces temps financièrement difficiles, voilà qui est d’une importance primordiale.

Il nous est tout simplement impossible d’atteindre nos objectifs communs – une sécurité énergétique d’un coût abordable pour nos sociétés comme pour la planète – sans collaborer. Lorsque nous négocions avec les super-économies des Etats-Unis, de la Chine et d’autres pays, c’est en présentant un front uni que les pays de l’UE vont avoir une influence infiniment supérieure à celle qu’ils auraient s’ils agissaient chacun pour soi.

Les pays dont les ministres sont signataires de la brochure du Groupe pour la croissance “verte” sont les suivants : Royaume-Uni, Allemagne, France Italie, Espagne, Pays-Bas, Portugal, Belgique, Danemark, Suède, Finlande, Slovénie et Estonie.

Publié le 30 October 2013