Discours

Discours de l'ambassadeur britannique en RDC à la journée internationale de lutte contre la corruption

L'ambassadeur britannique en RDC, Graham Zebedee, a prononcé un discours à l'occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption à Kinshasa ce 9 décembre 2016.

Graham Zebedee, ambassadeur britannique en RDC

Excellences, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, Distingués invités, Tout protocole observé,

“C’est pour moi un réel plaisir d’être ici ce jour, à l’occasion de la commémoration de la Journée Internationale de Lutte contre la Corruption. Ce jour est une opportunité d’évaluer l’impact de la corruption en RDC et considérer ce que nous pouvons faire tous ensemble pour la combattre. Je voudrais souligner le mot “ensemble”, parce qu’il faut un partenariat pour lutter contre la corruption. Et le Gouvernement de la République Démocratique du Congo reconnait qu’il y a un problème sérieux de corruption en RDC. Dans son discours du mois de décembre de l’année dernière, par exemple, le Président de la République avait été très clair à ce sujet. Et, ce ne sont pas tous les pays qui peuvent parler si honnêtement de leurs défis ; même si tous les pays souffrent de la corruption, y compris bien entendu le mien. Et cette honnêteté est très importante, parce que les défis à relever en RD Congo sont grands. Chaque semaine un opérateur économique me dit qu’il lui a été demandé de payer une importante somme d’argent à quelqu’un en vue de pouvoir travailler au Congo, et bien souvent de tels opérateurs ont été amenés à décider d’aller investir ailleurs. Les gens me disent que chaque jour ils reçoivent de la part des agents de l’Etat des demandes pour des paiements illégaux qui n’ont rien à voir avec les taxes et redevances normales. Ils disent que le passage des biens à travers la douane aux postes frontaliers constitue un véritable parcours du combattant, à moins de faire des paiements illégaux.

Il y a eu récemment nombre de rapports de médias ou d’ONG concernant la corruption, y compris : certains banques ; l’acquisition de certains équipements de transport; des transactions minières ; la tentative de vol de plusieurs propriétés ou parcelles. Certaines allégations sont devenues bien connues à travers le monde, comme les documents publiés dans le cas de Och-Ziff. Je devrais être absolument clair qu’un rapport n’est juste qu’un rapport. Les faits peuvent être différents, ou l’interprétation peut être erronée. Dans tous les cas un rapport ne constitue pas une preuve. Le principe de la présomption d’innocence est universel. Cependant, il serait dans l’intérêt de la République Démocratique du Congo d’être aussi transparente que possible afin de démontrer que ces rapports ne sont pas corrects. Cela enverrait un message puissant aux investisseurs locaux et internationaux que la corruption n’a pas de place dans la RDC d’aujourd‘hui. Ceci aiderait le pays à améliorer sa position dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale (la RDC est actuellement 184 sur 190 pays) et dans l’Indice de Perception de la Corruption de Transparency International, par exemple. Le Gouvernement de la RDC est clair qu’une grande partie du revenu fiscal est perdue à cause de la corruption. Certains agents dans les entreprises de l’état et certains ministères ont été suspendus pour cause de détournement des fonds. Les 28 mesures économiques annoncées au début de cette année visaient entre autres la réduction de la corruption. Et la maximisation du revenu fiscal est particulièrement importante en cette période de difficultés économiques où les recettes de l’Etat (budget général), sont 3.4tr CDF en 2016, c’est-a-dire environ 4000 CDF pour chaque Congolais chaque mois.
Le Royaume-Uni aide la RDC à faire face à ce problème autant que nous le pouvons. Nous appuyons les efforts tendant à rendre plus transparents les revenus du secteur minier et les bénéficiaires finaux. Notre programme sur la gestion des finances publiques a aidé à améliorer le contrôle budgétaire, grâce à un appui à la Cour des Comptes et aux commissions parlementaires qui contrôlent les dépenses du Gouvernement. Nous avons travaillé avec le Gouvernement à apporter de réelles améliorations. Il y a beaucoup des réformateurs dans le gouvernement - nous les saluons et nous les soutenons. Nos investissements dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’eau et assainissement appuient les mécanismes de redevabilité populaire en vue d’assurer que les fournisseurs de services opèrent en toute honnêteté. Nous travaillons avec le Gouvernement pour clarifier les réglementations commerciales et les systèmes fiscaux. Et nous œuvrons à assurer que toutes les entreprises britanniques comprennent l’approche de tolérance zéro pour la corruption dans la loi britannique. En conclusion, moins il y aura de corruption, plus il y aura des investissements au Congo, plus d’emplois, un plus grand budget de l’Etat, et ultimement l’émergence du Congo. Il n’y a pas de plus important objectif que celui-là, pour moi et, j’en suis sûr, pour chaque personne présente dans cette salle.

Je vous remercie pour votre aimable attention”.

Publié le 10 December 2016