Policy paper

Engagement mondial pour la liberté des médias

Published 11 July 2019

La liberté des médias fait face à des menaces croissantes partout dans le monde.

Dans le cadre du travail vital qu’ils effectuent, les journalistes et les organisations médiatiques sont de plus en plus confrontés à des lois restrictives, à des mesures juridiques punitives et à la violence physique. Peu importe s’ils travaillent avec les médias traditionnels ou les plateformes digitales, ce n’est que trop souvent qu’ils payent leur engagement de leur liberté ou de leur vie.

La liberté des médias est une composante intégrale de la sécurité et de la prospérité mondiales. Afin que les gouvernements rendent des comptes, les gens ont besoin de médias libres qui leur fournissent des informations précises et des analyses éclairées.

Là où les journalistes et les médias sont libres de faire leur travail en toute sécurité, les sociétés sont plus prospères et plus résilientes. Le libre échange de points de vue et d’informations qui en résulte permet aux communautés de trouver et de saisir de nouvelles possibilités et de reconnaître les problèmes qui doivent être abordés.

Les attaques contre la liberté des médias constituent des attaques contre les droits de la personne. Elles impliquent des attaques contre les droits fondamentaux des journalistes et ceux qui travaillent pour les organisations médiatiques. Ces droits sont enchâssés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et d’autres instruments relatifs aux droits de la personne et sont maintenus dans les Objectifs de développement durable – des droits tels que le droit à la liberté d’opinion et d’expression et le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne. Les violations et abus des droits des journalistes et de ceux qui travaillent dans les organisations médiatiques ont un effet en cascade sur les droits des autres, à mesure que l’examen critique s’estompe.

Trop souvent, ce sont les gouvernements qui sont la source de la menace à la liberté des médias. Les gouvernements – qui sont responsables de la protection des droits de la personne – s’avèrent plutôt ceux qui les violent. Parfois, les gouvernements ciblent des journalistes ou des bureaux de presse en particulier, violant du même souffle le droit à une audience équitable et publique et garantissant l’impunité aux auteurs de ces crimes. Parfois, ils mettent en place des cadres juridiques et réglementaires restrictifs qui empêchent les journalistes de faire leur travail. Parfois, ils déforment intentionnellement l’environnement de l’information.

Là où les gouvernements ne sont pas la source du problème, ils ne parviennent souvent pas à fournir les solutions requises pour contrer les actes de ceux qui s’attaquent à la liberté des médias, depuis les groupes terroristes jusqu’aux organisations criminelles.

Pour contrer les menaces qui pèsent sur la liberté des médias, il faut agir à l’échelle tant mondiale que locale.

En tant que gouvernements, nous avons la responsabilité de veiller à ce que les gens de nos pays puissent jouir de tous leurs droits de la personne et des avantages qu’ils apportent à la société. Cela comprend le droit à la liberté d’opinion et d’expression, sans lequel tous les autres droits s’avèrent menacés.

Mais il ne suffit pas que chacun de nos pays s’investisse dans la résolution de problèmes localement. Les modèles de réglementation restrictifs peuvent s’étendre d’un pays à l’autre. Les techniques d’intimidation qui proviennent d’une communauté se propagent rapidement à une autre. Les plateformes mondiales de médias numériques sont de plus en plus répandues et proposent tant une promesse de la liberté de parole, qu’une menace de surveillance et la manipulation.

Nos gouvernements doivent tenir responsables ceux qui violent ou bafouent les droits de la personne qui sous-tendent la liberté des médias – qu’il s’agisse des représentants des gouvernements ou d’entités privées. Nous devons offrir notre solidarité aux gouvernements qui prennent des mesures pour renforcer la protection de ces droits.

Face aux menaces qui pèsent sur la liberté des médias et dont l’ampleur et la nature sont nouvelles, nous devons adopter de nouvelles formes de collaboration qui s’adaptent aux nouvelles réalités.

Notre approche doit être adaptée à la situation et s’attaquer aux menaces aiguës à mesure qu’elles se présentent. Elle doit être stratégique, en tenant compte des tendances à long terme et des défis tenaces.

Nous devons assurer la reddition de comptes, collaborer entre nous, mais également avec les gouvernements qui n’ont pas signé cet engagement. Nous devons prendre en compte tous les domaines qui affectent la liberté des médias, allant d’encourager des environnements réglementaires favorables à la transparence des processus judiciaires. Nous devons tendre la main, au-delà des gouvernements, aux journalistes, aux organisations médiatiques, aux groupes de la société civile et à d’autres parties prenantes afin de mener à bien un effort de collaboration à l’échelle de la société. Nous devons nous appuyer sur d’autres initiatives de liberté des médias, et nous ferons progresser ce travail chaque fois que nous le pourrons.

Nous devons remplir nos obligations en vertu du droit international en matière de droits de la personne et bâtir un monde plus sûr et plus prospère.

Nos pays sont déterminés à travailler ensemble pour protéger la liberté des médias.

Nous nous engageons à nous exprimer et à agir ensemble, par l’entremise d’une nouvelle Coalition pour la liberté des médias, afin de:

  • défendre l’importance fondamentale de la liberté des médias pour la sécurité, la prospérité et le bien-être de toutes les sociétés
  • unir nos forces pour échanger l’information et prendre des mesures dans les cas où les journalistes et les médias sont en danger
  • mettre en lumière les violations de la liberté des médias, les porter à l’attention du public mondial et viser la reddition de comptes
  • être solidaires afin d’intervenir au plus haut niveau avec les gouvernements des pays où la liberté des médias est menacée et pour faire preuve de solidarité avec les pays qui oeuvrent à bâtir la liberté des médias
  • considérer toutes mesures disponibles pour contrer les violations et les abus des droits de la personne internationaux, y compris les droits liés la liberté des medias

Nous nous engageons à exploiter le pouvoir de nos réseaux diplomatiques grâce à un nouveau Groupe de contact sur la liberté des médias pour que nos représentants puissent:

  • travailler directement avec les personnes à risque pour veiller à ce que nous ne fassions pas de mal
  • s’adresser aux journalistes locaux et aux organisations de la société civile afin de rester en contact avec les intervenants de première ligne
  • établir des liens avec les gouvernements locaux afin de trouver des solutions

Grâce à ce nouveau Groupe de contact sur la liberté des médias, nos représentants élargiront notre portée, y compris par le biais des réseaux existants déjà actifs dans le système multilatéral.

Nous nous engageons à renforcer les initiatives internationales de promotion de la liberté des médias.

Nous nous engageons à soutenir et renforcer les efforts déployés par les institutions multilatérales, les associations de journalistes et les organisations de la société civile qui fournissent un soutien aux professionnels des médias et aux entités médiatiques à risque, y compris des mécanismes pour dénoncer et répondre aux cas individuels de violations et d’abus.

Nous nous engageons à encourager et soutenir les gouvernements à prendre des mesures pour renforcer la liberté des médias et nous les soutiendrons dans leurs efforts en ce sens en réunissant la société civile, les organisations médiatiques, les avocats, les journalistes et les experts de la communication pour favoriser l’établissement de structures intergouvernementales durables afin de faire avancer les projets. Il s’agira notamment de faire preuve de solidarité avec les gouvernements qui créent des cadres nationaux et des plans d’action pour mettre en oeuvre le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Nous encouragerons les efforts déployés par l’ONU et d’autres organisations pour mettre sur pied un groupe de travail chargé de cette tâche.

Nous nous engageons à soutenir le travail de l’ONU et d’autres organisations pour relever un éventail de défis qui touchent les journalistes. Nous accueillerons favorablement la création d’un Fonds mondial de défense des médias qui appuiera les journalistes en détresse, couvrira les frais juridiques et les initiatives, créera des réseaux de soutien par les pairs et aidera les gouvernements à élaborer des plans d’action nationaux.

Nous nous engageons à soutenir le développement de médias d’intérêt public diversifiés et indépendants.

Nous accueillons favorablement la création d’un groupe d’experts juridiques indépendant de haut niveau qui, inter alia, avisera les gouvernements qui veulent renforcer les mécanismes légaux afin d’améliorer la liberté des médias.

Nous nous engageons à maintenir ces principes et à être vigilants.

Nous nous engageons à se réunir chaque année pour renouveler nos engagements et pour nous attaquer aux nouvelles menaces et saisir les nouvelles possibilités.

Signé à la Conférence mondiale pour la liberté des médias Londres, Royaume-Uni Le 10 juillet 2019