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Le Royaume-Uni et l'Union Européenne : entretien avec Sir Peter Ricketts

Entretien avec l'ambassadeur du Royaume-Uni en France Sir Peter Ricketts dans le Journal du dimanche, 27 janvier 2013.

Cela a été publié dans le cadre du 2010 to 2015 Conservative and Liberal Democrat coalition government
Sir Peter Ricketts, British Ambassador to France

Sir Peter Ricketts, British Ambassador to France

58 % des Français souhaitent que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne. Ce score vous rassure-t-il?

Sans mettre trop de poids sur un seul chiffre, celui-ci suggère que les Français ont bien compris l’intérêt pour la France et l’Union européenne que le Royaume- Uni ne quitte pas l’Union. Ce qui est absolument l’intention de notre Premier ministre, David Cameron.

Pourtant, il y a une certaine ambiguïté dans sa volonté d’organiser un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’UE . N’est-ce pas jouer avec le feu?

David Cameron constate que des changements importants vont advenir dans les cinq prochaines années au sein de l’Union européenne. Avec d’abord la poursuite de l’intégration de la zone euro dans les traités. Puis une réponse à apporter au manque de compétitivité de l’UE : nous pensons qu’il faut apporter des réponses à ce problème avec d’abord davantage de flexibilité. Enfin, il y a cette impopularité de l’Union partout en Europe. Votre sondage le montre bien : une majorité des personnes interrogées (47 %) estiment que l’appartenance de la France à l’UE rapporte moins qu’elle ne lui coûte… David Cameron proposera des réformes intéressantes pour tous les pays membres. S’il est réélu en 2015, il fera par ailleurs campagne pour un oui sans ambiguïté. Sa volonté est bien de garder le Royaume-Uni dans une UE réformée.

Mais pourquoi organiser un référendum?

David Cameron dit que de nombreux citoyens ressentent l’écart qui existe entre leurs propres besoins et priorités et ce qui est décidé à Bruxelles. D’où le désenchantement à l’égard de l’Union européenne. Il pense que cette déconnexion est dangereuse et veut montrer à l’opinion publique que l’Europe reste pertinente et compétitive dans un monde qui change si vite. Il faut trouver un nouvel équilibre au sein de l’UE et trancher le débat une fois pour toutes en faisant accepter l’appartenance du pays à l’UE.

Quand devrait se dérouler le référendum?

Le monde politique le décidera après les élections générales de 2015. Mais notre Premier ministre souhaite qu’il ait lieu dans la première moitié du prochain mandat législatif. Le référendum pourrait donc s’organiser dans quatre ou cinq ans, d’ici à 2017 ou 2018. Le vote aura-t-il lieu de toute façon? Même si les demandes britanniques sont entendues d’ici là par les partenaires européens?

David Cameron a été clair. Ses intentions sont de proposer des axes de réforme, puis de se présenter devant les électeurs britanniques en 2015, et enfin d’organiser un référendum.

Vous qui vivez et travaillez à Paris, quel message voulez-vous délivrer à vos concitoyens eurosceptiques?

Je suis frappé par l’importance de nos échanges commerciaux dans le cadre du marché unique avec nos partenaires européens et d’abord avec la France. Près de 19 millions de Britanniques se rendent en France chaque année et nos investissements y sont nombreux et importants. Dans les domaines de la défense, des affaires étrangères, de l’énergie nucléaire, la France est notre partenaire européen privilégié.

Alexandre Duyck - Le Journal du Dimanche Dimanche 27 janvier 2013

Publié le 27 January 2013