Actualité du monde

"L'avenir de l'Europe et la place du Royaume-Uni"

Discours du Premier ministre David Cameron, le 23 janvier 2013 à Londres.

Cela a été publié dans le cadre du 2010 to 2015 Conservative and Liberal Democrat coalition government
Prime Minister David Cameron

Prime Minister David Cameron

Introduction

Je voudrais ce matin évoquer l’avenir de l’Europe.

Mais tout d’abord, rappelons-nous le passé.

Il y a 70 ans, l’Europe était déchirée par un conflit catastrophique, le second dans l’espace d’une génération. Une guerre qui a vu les rues des villes européennes couvertes de gravats. Le ciel de Londres éclairé par les flammes nuit après nuit. Et des millions de morts à travers le monde dans la bataille pour la paix et la liberté.

De même que nous nous rappelons le sacrifice de ces victimes, rappelons-nous aussi de quelle manière l’Europe est passée de la guerre à une paix durable. Cela ne s’est pas produit comme un changement dans la météorologie. Cela a été le produit des efforts résolus de plusieurs générations. Un engagement en faveur de l’amitié et la détermination à ne plus jamais reproduire ce sombre passé – engagement parfaitement illustré par le Traité de l’Elysée signé il y a exactement 50 ans cette semaine.

Après la chute du Mur, je me suis rendu à Berlin et je ne l’oublierai jamais.

Les postes de contrôle abandonnés. Un sentiment d’exaltation face à l’avenir.

La conscience qu’un grand continent se réunifiait. Guérir ces blessures de notre histoire, voila l’idée centrale de l’Union européenne.

Ce que Churchill a décrit comme les deux maraudeurs jumeaux, la guerre et la tyrannie, a été presque entièrement banni de notre continent. Aujourd’hui, nous sommes des centaines de millions à vivre dans la liberté, de la Baltique à l’Adriatique, des atterrages occidentaux à la mer Egée.

Et quoique nous ne devrions jamais le tenir pour acquis, la finalité première de l’Union européenne – la sauvegarde de la paix – a été atteinte et il convient de rendre hommage à tous ceux qui, au sein de l’UE, et aux côtés de l’OTAN, ont œuvré pour ce résultat.

La compétition mondiale

Mais aujourd’hui l’objectif principal et primordial de l’Union européenne n’est plus le même: il ne s’agit plus de faire la paix, mais de garantir la prospérité.

Les défis à affronter ne viennent plus de l’intérieur de notre continent, mais de l’extérieur. Ils viennent des économies en pleine croissance à l’Est et au Sud. Bien sûr, nous bénéficions tous de la croissance de l’économie mondiale, mais aucun de nous ne peut douter qu’aujourd’hui c’est dans une nouvelle compétition que sont engagés les divers pays du monde.

Une compétition pour les richesses et les emplois de demain.

La carte des sphères d’influence est en train de changer sous nos yeux. Et ces changements se font déjà sentir par l’entrepreneur aux Pays-Bas, l’ouvrier en Allemagne et les familles en Grande-Bretagne.

Voilà pourquoi je voudrais aujourd’hui, instamment et en toute franchise, vous parler de l’Union européenne et de la manière dont il faut qu’elle se transforme – afin d’assurer, tout à la fois, la prospérité et de conserver l’appui des peuples qui y participent.

Le Royaume-Uni et l’Europe

Mais tout d’abord, je voudrais faire état de l’esprit dans lequel j’aborde ces questions.

Je sais bien que le Royaume-Uni est parfois perçu comme un membre ergoteur et plutôt têtu de la famille des nations d’Europe.

Et il est bien vrai que notre psychologie s’est modelée sur notre géographie.

Notre caractère est celui d’une nation insulaire – indépendant, direct et défenseur passionné de notre souveraineté.

Nous ne pouvons pas plus changer cette sensibilité britannique que nous ne pourrions assécher la Manche.

Et c’est en raison de cette sensibilité que nous abordons l’Union européenne avec un état d’esprit plus pratique qu’émotionnel.

Pour nous, l’Union européenne est un moyen au service d’une fin – la prospérité, la stabilité, l’ancrage de la liberté et de la démocratie tant en Europe qu’au-delà – et non une fin en soi.

Nous demandons avec insistance: comment? pourquoi ? dans quel but ?

Mais tout cela ne fait pas de nous une espèce de non-européen.

Le fait est que notre histoire n’est pas seulement celle d’une île – c’est aussi l’histoire d’un continent.

En dépit de toutes les relations qui sont les nôtres avec le reste du monde – et dont nous avons bonne raison d’être fiers – nous avons toujours été une puissance européenne – et nous le resterons toujours.

Des légions de César aux guerres napoléoniennes. De la Réforme, des Lumières et de la révolution industrielle à la défaite du nazisme. Nous avons contribué à l’écriture de l’histoire de l’Europe, et l’Europe a contribué à écrire la nôtre.

Au fil du temps, la Grande-Bretagne a apporté à l’Europe une contribution unique et bien à elle. Nous avons offert un refuge à ceux qui fuyaient la tyrannie et la persécution. Et à l’heure la plus sombre de l’Europe, c’est en partie grâce à nous qu’a été préservée la flamme de la liberté. A travers le continent, dans le silence des cimetières, reposent les centaines de milliers de soldats britanniques qui ont donné leur vie pour la cause de la liberté de l’Europe.

Au cours des dernières décennies, nous avons joué notre rôle dans l’effondrement du rideau de fer et nous nous sommes faits des champions de l’adhésion à l’UE de ces pays à qui le communisme avait fait perdre de si longues années. Et c’est dans cet épisode historique que l’on trouve ce qui fait le cœur même de la Grande-Bretagne, de notre caractère national, et de notre attitude envers l’Europe.

La Grande-Bretagne ne se caractérise pas seulement par son indépendance mais, avant tout, par son esprit d’ouverture.

Nous avons toujours été un pays qui tend la main. Un pays tourné vers le monde…

Qui mène la bataille du commerce mondial et contre le protectionnisme.

Telle est la Grande-Bretagne aujourd’hui, comme elle l’a toujours été: indépendante, oui – mais ouverte, aussi.

Je ne voudrai jamais que nous levions le pont-levis et que nous nous retirions du monde.

Je ne suis pas un isolationniste britannique.

Je ne veux pas seulement de meilleures conditions pour la Grande-Bretagne. Je veux également de meilleures conditions pour l’Europe.

Je parle donc comme un Premier Ministre pourvu d’une vision positive pour l’avenir de l’Union européenne. Un avenir dans lequel la Grande-Bretagne veut, et devrait vouloir, jouer un rôle actif et déterminé.

Pourquoi il faut changer

Certains pourraient alors se demander: pourquoi soulever des questions fondamentales sur l’avenir de l’Europe, alors que celle-ci se trouve déjà aux prises avec une crise profonde?

Pourquoi soulever des questions sur le rôle de la Grande-Bretagne alors que ses citoyens accordent à l’Europe un soutien déjà si faible.

On entendra toujours dire « ne posons pas les questions difficiles ».

Or il est essentiel pour l’Europe – et pour la Grande-Bretagne – que nous posions ces questions car nous avons aujourd’hui à faire face à trois grands défis.

Tout d’abord, les problèmes de la zone Euro entraînent une mutation fondamentale de l’Europe.

Deuxièmement, la compétitivité de l’Europe est en crise, alors que les autres pays à travers le monde sont en pleine expansion. Et troisièmement, le fossé existant entre l’UE et sa population s’est spectaculairement creusé ces dernières années. Fossé qui se traduit par un manque de responsabilité démocratique et d’assentiment, et qui – oui – est ressenti avec une acuité toute particulière en Grande-Bretagne.

Si nous ne répondons pas à ces défis, le danger est que l’Europe va échouer et que les Britanniques vont dériver vers la sortie.

Je ne veux pas que cela se produise. Je veux que l’Union européenne soit une réussite. Et je veux, entre la Grande-Bretagne et l’UE, une relation qui nous maintienne au sein de celle-ci.

C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. Pour reconnaître la nature des défis auxquels nous sommes confrontés. Pour exposer la manière dont je crois que l’Union européenne devrait y faire face. Et pour expliquer ce que je cherche à faire pour la Grande-Bretagne et pour sa place dans l’Union européenne.

La nature des défis que nous affrontons

Permettez-moi de commencer par la nature des défis auxquels nous sommes confrontés.

Tout d’abord, la zone Euro.

C’est la forme même que va prendre demain l’Europe qui se forge en ce moment. Certaines questions sérieuses se posent qui vont définir l’avenir de l’Union européenne – et l’avenir de chacun de ses pays membres.

L’Union est en train de changer pour que la monnaie unique puisse être remise en état – et cela a de profondes conséquences pour nous tous, que nous ayons adopté ou non la monnaie unique.

La Grande-Bretagne n’a pas adopté la monnaie unique, et elle ne va pas l’adopter. Mais nous avons tous intérêt à ce que la monnaie unique soit pourvue d’une bonne gouvernance et de bonnes structures afin de garantir son succès à long terme.

Et ceux d’entre nous qui n’appartenons pas à la zone Euro avons aussi besoin de certaines sauvegardes pour garantir, par exemple, que notre accès au Marché unique ne soit en rien compromis.

Et il convient que nous commencions à nous pencher dès maintenant sur ces questions.

En deuxième lieu, alors que certains pays au sein de l’UE vont plutôt bien, il est prévu que la part totale de l’Europe dans la production mondiale baisse de près d’un tiers au cours des deux décennies à venir. C’est là le défi de la compétitivité – et pour une large part la faiblesse de notre réponse est de notre propre fait.

Les règles complexes qui pèsent sur nos marchés du travail ne relèvent pas de quelque phénomène d’origine naturelle. De même qu’un excès de règlementation ne relève pas de quelque fléau extérieur qui se serait abattu sur nos entreprises.

Ces problèmes se posent depuis trop longtemps. Et les progrès accomplis pour les résoudre ont été beaucoup trop lents.

Comme l’a dit la Chancelière Merkel: si l’Europe aujourd’hui représente juste un peu plus de sept pour cent de la population mondiale, contribue environ 25 pour cent de la production mondiale et doit financer 50 pour cent des dépenses sociales mondiales, alors il est évident qu’elle va devoir travailler très dur pour préserver sa prospérité et son mode de vie.

Troisièmement, la frustration monte face à une UE perçue comme quelque chose que l’on impose à sa population et non comme agissant en son nom. Et ce sentiment n’est qu’aggravé par les solutions requises pour résoudre les problèmes économiques.

Les peuples sont de plus en plus frustrés de voir que des décisions prises toujours plus loin d’eux aboutissent à ce que leur niveau de vie soit amputé par la mise en œuvre de politiques d’austérité, ou que leur impôts servent à renflouer des gouvernements de l’autre côté du continent.

Nous commençons à voir cela avec les manifestations dans les rues d’Athènes, de Madrid et de Rome. Nous le voyons dans les enceintes parlementaires à Berlin, Helsinki et La Haye.

Et oui, bien sûr, nous constatons cette frustration à l’égard de l’UE de manière très spectaculaire en Grande-Bretagne.

Il est du devoir des responsables européens d’entendre ces préoccupations. En fait, il est de notre devoir d’agir en conséquence. Et pas seulement de résoudre les problèmes de la zone Euro.

Car de même que, dans toute situation d’urgence, on doit prévoir les suites tout en faisant face à la crise du moment, nous trouvant aux prises avec les défis d’aujourd’hui nous devrions préparer l’avenir, et ce à quoi va ressembler le monde une fois surmontées les difficultés de la zone Euro.

Le plus grand danger pour l’Union européenne vient non pas de ceux qui appellent au changement, mais de ceux qui dénoncent comme hérésie les nouvelles façons de penser. Au fil de sa longue histoire, l’Europe a connu de ces hérétiques dont, en fin de compte, on a reconnu qu’ils avaient raison.

Je veux en venir à ceci. Ce n’est pas en continuant à faire la même chose que l’on va assurer l’avenir à long terme de la zone Euro. Ce n’est pas en continuant à faire la même chose que l’on va empêcher l’Union européenne de se laisser distancer par les nouvelles grandes puissances économiques. Ce n’est pas en continuant à faire la même chose que l’on va rapprocher l’Union européenne de ses citoyens. Continuer à faire la même chose ne va produire que la même chose – moins de compétitivité, moins de croissance et moins d’emplois.

Et cela va rendre nos pays plus faibles, et non plus forts.

À quoi devrait ressembler le changement

C’est pourquoi nous avons besoin d’un changement fondamental et de grande ampleur.

Permettez-moi donc d’exposer ma vision pour une nouvelle Union européenne, bien adaptée au 21e siècle.

Elle s’appuie sur cinq principes.

Le premier: la compétitivité. Au centre même de l’Union européenne doit se trouver, comme aujourd’hui, le marché unique. La Grande-Bretagne se trouve au cœur de ce Marché unique, et elle doit y rester.

Mais lorsque le Marché unique reste incomplet dans le domaine des services, de l’énergie et de l’informatique – les secteurs mêmes qui servent de moteurs à toute économie moderne – il n’est que la moitié de la réussite qu’il pourrait être.

Il est absurde que les consommateurs qui font des achats en ligne dans certaines parties de l’Europe ne soient pas en mesure d’accéder aux meilleures conditions en raison de l’endroit où ils habitent. Je veux que l’achèvement du marché unique soit notre mission primordiale.

Je veux que nous soyons au premier rang d’accords commerciaux innovants avec les Etats-Unis, le Japon et l’Inde, au titre d’une dynamique plus large menant à la liberté des échanges dans le monde entier. Et je veux que nous fassions pression pour que les petites entreprises les plus dynamiques soient exemptées d’un plus grand nombre de directives européennes.

Telles devraient être les tâches qui mobilisent tous les matins les fonctionnaires européens – et qui les occupent jusque tard dans la nuit. Il nous faut donc de toute urgence nous attaquer au système de décision inefficace et sclérosé qui nous entrave.

Cela implique la création d’une Union moins lourde, moins bureaucratique, et qui s’attache sans relâche à aider ses pays membres à améliorer leur compétitivité.

Dans une compétition mondiale, pouvons-nous vraiment justifier le nombre énorme d’institutions périphériques européennes si dispendieuses ?

Pouvons-nous justifier une Commission qui ne cesse de croître ?

Pouvons-nous continuer avec une organisation qui dispose d’un budget de plusieurs milliards de livres sterling mais qui ne se préoccupe pas assez de la maîtrise de ses dépenses ni de mettre fin à des programmes qui se sont avérés inefficaces?

Et je m’interroge aussi: alors que la compétitivité du Marché unique est d’une telle importance, pourquoi existe-t-il un conseil des ministres de l’environnement, un conseil des ministres des transports, un conseil des ministres de l’éducation, mais pas de conseil des ministres du marché unique ?

Le deuxième principe devrait être la flexibilité.

Il nous faut une structure qui puisse accueillir les membres dans toute leur diversité – Nord, Sud, Est, Ouest, plus grands et plus petits, anciens et nouveaux. Avec certains d’entre eux qui envisagent une intégration économique et politique beaucoup plus étroite. Et bien d’autres, y compris la Grande-Bretagne, qui ne feraient jamais leur cet objectif.

J’admets, naturellement, que si le marché unique doit bien fonctionner il nous faut un ensemble de règles communes et un moyen de les faire respecter. Mais il faudrait aussi que nous soyons capables de réagir rapidement aux nouveaux développements et aux dernières tendances.

La compétitivité passe par la flexibilité, la liberté de choix et l’ouverture – faute de quoi l’Europe va se retrouver dans un no man’s land entre la montée des économies d’Asie et la dynamique du marché de l’Amérique du Nord.

L’UE doit avoir la capacité d’agir avec la rapidité et la souplesse d’un réseau, et non avec la rigidité pesante d’un bloc.

Nous ne devons pas être alourdis par une approche qui insiste sur l’uniformité pour tous, ce qui implique que tous les pays aspirent au même degré d’intégration. Le fait est qu’ils n’y aspirent pas tous et nous ne devrions pas soutenir le contraire.

Certains prétendront que cela va à l’encontre du principe central de la doctrine fondatrice de l’UE. Je dis que cela reflète tout simplement la réalité de l’Union européenne aujourd’hui. 17 pays appartiennent à la zone euro. 10 autres n’y appartiennent pas.

26 pays européens ont souscrit aux accords de Schengen – y compris quatre, la Suisse, la Norvège, le Liechtenstein et l’Islande – qui n’appartiennent pas à l’Union européenne. Deux pays de l’UE – la Grande-Bretagne et l’Irlande – ont maintenu leurs contrôles aux frontières.

Certains membres, comme la Grande-Bretagne et la France, sont prêts, disposés et capables pour intervenir en Libye ou au Mali. Il en est d’autres que le recours à la force rend mal à l’aise.

Accueillons favorablement cette diversité, au lieu de chercher à l’étouffer.

Arrêtons tous ces discours sur l’Europe à deux vitesses, les voies rapides et les voies lentes, les pays qui ratent le train ou l’autobus, et remisons toute cette caravane éculée de métaphores sur une voie de garage permanente.

Commençons plutôt par cette proposition : nous sommes une famille de pays démocratiques, tous membres de la même Union européenne, dont le fondement essentiel est le marché unique plutôt que la monnaie unique. Ceux d’entre nous qui sommes à l’écart de l’euro reconnaissent que ceux qui l’ont adopté vont vraisemblablement devoir procéder à des mutations institutionnelles de grande ampleur.

De la même façon, les membres de la zone Euro devraient admettre que nous, et en fait tous les Etats membres, changerons ce qu’il faudra pour sauvegarder nos intérêts et renforcer la légitimité démocratique. Et il faudrait que nous puissions nous aussi procéder à ces changements.

Certains disent que cela va mettre à mal le principe même de l’UE – et que l’on ne saurait choisir et adopter seulement ce qui correspond aux besoins de son pays.

Mais loin de mettre à mal l’UE, cela renforcerait au contraire les liens entre pays membres, car cette coopération souple et volontaire est beaucoup mieux à même de les souder que la contrainte exercée par le centre.

Permettez-moi de faire une autre proposition hérétique.

Le Traité européen engage les Etats membres à “établir les fondations d’une union toujours plus étroite entre les peuples d’Europe.”

On a toujours interprété cela comme s’appliquant non aux peuples mais plutôt aux Etats et aux institutions, avec l’appui d’une Cour de Justice européenne qui a toujours soutenu une centralisation plus poussée.

Nous comprenons et nous respectons le droit d’autres pays de maintenir leur engagement en faveur de cet objectif. Mais pour la Grande-Bretagne – et peut-être pour d’autres – ce n’est pas l’objectif.

Et nous serions beaucoup plus à l’aise si le Traité le disait précisément, ce qui libèrerait ceux qui veulent aller plus loin, plus vite, de le faire sans être retenus par les autres.

A ceux qui disent que nous n’avons aucune vision pour l’Europe.

Je dis que nous en avons une.

Nous croyons à une union flexible d’Etats membres libres qui partagent des traités et des institutions et aspirent ensemble à un idéal de coopération. Afin d’incarner et de promouvoir les valeurs de la civilisation européenne à travers le monde. Afin de promouvoir nos intérêts communs en nous servant de notre puissance collective pour ouvrir des marchés. Et afin de bâtir une base économique solide à travers l’Europe tout entière.

Nous croyons aussi à la collaboration entre nos pays pour préserver la sécurité et la diversité de nos ressources énergétiques. Pour faire face au changement climatique et à la pauvreté dans le monde. Pour collaborer contre le terrorisme et le crime organisé. Et pour continuer à accueillir de nouveaux pays au sein de l’UE.

Cette vision privilégiant la flexibilité et la coopération n’est pas la même que celle de ceux qui veulent bâtir une union politique toujours plus étroite – mais elle est tout aussi valable.

Mon troisième principe est qu’il doit y avoir la possibilité pour les pouvoirs d’être rétrocédés aux Etats membres, au lieu qu’ils puissent seulement les céder. C’est une promesse qu’avaient faite les dirigeants européens à Laeken voici une décennie.

Elle a été intégrée au Traité. Mais la promesse n’a jamais vraiment été tenue. Il faut mettre ce principe en application de la façon qui convient.

Saisissons donc ce moment, comme l’a récemment suggéré le Premier Ministre néerlandais, pour examiner en profondeur ce que l’UE dans son ensemble devrait faire et ne devrait plus faire.

En Grande-Bretagne nous avons déjà commencé à passer en revue les divers domaines de compétence – afin d’avoir une analyse objective et bien informée des domaines où l’UE peut aider, et de ceux où elle est une entrave.

Ne nous laissons pas égarer par le sophisme selon lequel un marché unique viable et approfondi exigerait que tout soit harmonisé, à la recherche d’une sorte d’égalisation des conditions impossible à atteindre et qui n’en finirait jamais.

Chaque pays est différent. Ils ne font pas les mêmes choix. Nous ne pouvons pas tout harmoniser. Par exemple, il n’est ni justifié ni nécessaire de prétendre que l’intégrité du marché unique, ou l’adhésion pleine et entière à l’Union européenne, exige que les horaires de travail des médecins hospitaliers en Grande-Bretagne soient fixés à Bruxelles sans égard pour l’opinion du Parlement ou des praticiens britanniques.

De la même manière, nous devons examiner si l’équilibre est le bon dans tant de domaines où l’Union européenne a légiféré, y compris sur l’environnement, les affaires sociales et la criminalité.

Rien ne doit être exclu de cet examen.

Mon quatrième principe est celui de la responsabilité démocratique: il faut donner aux parlements nationaux un rôle plus large et plus important.

Il n’existe pas, selon moi, un démos européen unique.

Ce sont les parlements nationaux qui constituent, et qui vont demeurer, la vraie source de la légitimité et de la responsabilité démocratiques dans l’UE.

C’est devant le Bundestag qu’Angela Merkel doit répondre de ses décisions. C’est par le Parlement grec qu’Antonis Samaras doit faire passer les mesures d’austérité de son gouvernement.

C’est au Parlement britannique que je dois rendre compte des négociations sur le budget de l’UE, ou sur la sauvegarde de notre place dans le marché unique.

Ce sont les Parlements qui inspirent le respect – et même la crainte – que l’on doit aux dirigeants d’un pays.

C’est quelque chose dont nous devons tenir compte dans la manière dont l’UE conduit ses affaires.

Mon cinquième principe est celui de l’équité: quels que soient les nouveaux dispositifs mis en place pour la zone Euro, ils doivent fonctionner de manière équitable pour les pays appartenant à la zone comme pour ceux qui n’y appartiennent pas.

Cela va revêtir une importance particulière pour la Grande-Bretagne. Comme je l’ai dit, nous n’allons pas adopter la monnaie unique. Mais il n’y a aucune raison économique incontestable pour que la monnaie unique et le marché unique partagent le même périmètre, pas plus que le marché unique et le dispositif de Schengen.

Notre participation au marché unique, et notre capacité à contribuer à la fixation de ses règles, constitue la raison principale de notre adhésion à l’UE.

Il est donc de notre intérêt vital à tous de préserver l’intégrité et l’équité du marché unique pour tous ses membres.

Et voilà pourquoi la Grande-Bretagne est tellement attachée à promouvoir et défendre le marché unique à un moment où la crise de la zone Euro entraîne la révision des règles sur la coordination budgétaire et l’union bancaire.

Ces cinq principes définissent ce qui est, je crois, la bonne approche pour l’Union européenne.

Ce que cela signifie pour la Grande-Bretagne

Permettez-moi donc maintenant de me tourner vers ce que cela signifie pour la Grande-Bretagne.

Le désenchantement du public à l’égard de l’UE n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Il y a plusieurs raisons à cela.

Le public a l’impression que l’UE est engagée dans une direction à laquelle il n’a jamais souscrit. Il réagit mal à l’ingérence dans notre vie nationale de ce qu’il considère comme des règles et règlementations dénuées de nécessité. Et il se demande quel sens tout cela peut bien avoir.

Pour le dire simplement, nombreux sont ceux qui se demandent: « Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir seulement ce pour quoi nous avons voté – un marché commun? »

Le public est irrité par certaines décisions de justice rendues en Europe qui ont une incidence sur la vie en Grande-Bretagne. Une partie de cette aversion pour l’Europe est naturellement, en réalité, en rapport avec la Cour européenne des droits de l’homme, plutôt qu’avec l’UE. Et la Grande-Bretagne a pris la tête des démarches visant à corriger cette situation.

Il y a, de fait, bien d’autres choses à faire encore dans ce domaine. Mais le public a aussi l’impression que l’UE se dirige désormais vers un degré d’intégration politique qui se situe bien au-delà de ce qu’ils considèrent comme acceptable pour la Grande-Bretagne.

Le public voit traité après traité se modifier l’équilibre entre les Etats membres et l’UE. Et il remarque qu’on ne lui demande jamais son avis. On lui a promis des référendums – qui n’ont jamais eu lieu. Il voit ce qui s’est passé avec l’euro. Et il note qu’à l’époque bon nombre de nos dirigeants politiques et du secteur privé avaient poussé la Grande-Bretagne à y adhérer.

Et il n’a pas eu à noter beaucoup d’actes de contrition.

Il observe les mesures que prend la zone Euro et se demande les conséquences que son intégration plus poussée va avoir pour un pays qui va rester en dehors de l’euro.

Le résultat, c’est que l’UE fait désormais en Grande-Bretagne l’objet d’un assentiment démocratique extrêmement faible.

Certains disent que faire état de tout cela, c’est être irresponsable, c’est susciter l’incertitude parmi les milieux d’affaires et poser un point d’interrogation sur la place de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne.

Mais le point d’interrogation était déjà là, et ce n’est pas en l’ignorant qu’on va le faire disparaître.

En fait, c’est exactement le contraire. Ceux qui refusent l’idée de consulter les Britanniques rendraient, d’après moi, notre sortie finale beaucoup plus vraisemblable.

Demander simplement aux Britanniques de continuer à accepter un dispositif européen qui leur laisse peu de choix est une démarche qui garantit que lorsque la question sera finalement posée – et il faudra bien qu’elle le soit à un moment ou un autre – il sera beaucoup plus vraisemblable que les Britanniques rejetteront l’UE.

C’est pourquoi je suis en faveur d’un référendum. Je suis convaincu qu’il faut prendre cette question à bras le corps – la mettre en forme, conduire le débat. Et non simplement espérer qu’une situation difficile va disparaître.

Le calendrier

Certains avancent que la solution consiste donc à organiser maintenant un referendum sur le maintien ou non dans l’UE.

Je comprends que l’impatience à vouloir faire ce choix dans l’immédiat.

Mais je ne crois pas que prendre une décision en ce moment précis soit la bonne voie, ni pour la Grande-Bretagne ni pour l’Europe dans son ensemble.

Voter aujourd’hui entre le statu quo et la sortie serait un choix tout-à-fait illusoire.

Aujourd’hui − alors que l’UE est ballottée de droite et de gauche, que nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve ni sous quelle forme l’UE va émerger de la crise – ce n’est pas le bon moment pour prendre une décision aussi capitale pour l’avenir de notre pays.

On n’a pas le droit de demander au public si nous restons ou si nous sortons avant d’avoir eu l’occasion de remettre de l’ordre dans notre relation avec l’UE.

Comment pouvons-nous raisonnablement répondre à la question “rester ou sortir” si nous ne sommes pas en mesure de répondre à la question la plus élémentaire: « sur quoi exactement porte notre choix de rester ou de sortir? »

L’Union européenne qui émerge de la crise de la zone Euro va être un organisme tout-à-fait différent. Il se peut qu’elle soit rendue méconnaissable par les mesures qu’impose le sauvetage de la zone Euro.

Il nous faut laisser passer un certain temps pour que cela se produise – et aider à la déterminer l’avenir de l’Union européenne, de sorte que lorsque viendra le moment du choix c’en sera vraiment un.

Un vrai choix entre sortir ou faire partie d’un nouvel ensemble de conditions dans lequel la Grande-Bretagne détermine et observe les règles du marché unique mais sous la protection de sauvegardes équitables, et affranchie des règlementations fallacieuses qui portent atteinte à la compétitivité de l’Europe.

Un choix entre sortir ou faire partie d’un nouvel ensemble de conditions dans lequel la Grande-Bretagne est au tout premier plan de l’action collective dans des domaines comme la politique étrangère et le commerce extérieur, et où nous laissons la porte fermement ouverte aux nouveaux membres.

Un nouvel ensemble de conditions soumis à la légitimité et à la responsabilité démocratiques des parlements nationaux, où les Etats membres agissent de concert en faveur d’une coopération souple, en respectant les différences nationales au lieu de toujours chercher à les éliminer, et grâce auxquelles nous avons prouvé que certaines compétences peuvent, de fait, être rétrocédées aux Etats membres.

En d’autres termes, un nouvel ensemble de conditions qui serait entièrement conforme à la mission qui serait celle d’une Union européenne remise à jour comme je l’ai exposé aujourd’hui. Plus flexible, plus adaptable, plus ouverte – prête à faire face aux défis de la modernité.

Et à ceux qui disent qu’on ne peut pas négocier de nouvelles conditions, je dirais : écoutez ce qu’en pensent les autres pays européens qui font valoir qu’il faut rétrocéder certaines compétences aux Etats européens.

Et voyez ce que nous avons déjà obtenu. Fin de l’obligation pour la Grande-Bretagne de renflouer les membres de la zone Euro. Maintien de la Grande-Bretagne à l’écart de l’accord en matière budgétaire. Lancement d’un processus de rapatriement de certaines compétences en matière de justice et d’affaires intérieures. Obtention de garanties en rapport avec l’union bancaire. Et la réforme de la politique en matière de pêcheries.

Nous commençons donc à donner forme aux réformes dont nous avons besoin aujourd’hui. Certaines ne vont pas nécessiter de révisions des traités.

Mais je suis d’accord aussi avec ce qu’ont dit le président Barroso et d’autres. A un certain moment au cours des quelques années à venir, il va falloir que l’UE se mette d’accord pour modifier les traités afin d’y introduire les changements rendus nécessaires pour l’avenir à long terme de l’euro et pour consacrer en droit l’Europe diverse, compétitive, démocratiquement responsable que nous désirons.

Je crois qu’un nouveau Traité sera la meilleure façon d’y parvenir et je joins donc ma voix à celle de ceux qui ont déjà formulé ce souhait.

Je préfèrerais de beaucoup que ces modifications soient édictées pour l’UE tout entière, et non pour la seule Grande-Bretagne.

Mais s’il n’y a pas d’appétit pour un nouveau Traité pour tous les pays membres, alors évidemment la Grande-Bretagne devra être prête à aborder les changements que nous désirons dans une négociation avec nos partenaires européens.

Le prochain manifeste du parti Conservateur, en 2015, demandera à l’électeur britannique de donner à un gouvernement conservateur un mandat pour négocier un nouvel accord avec nos partenaires européens pendant la durée de la prochaine législature.

Il s’agira d’une relation dont le Marché Unique formera le cœur.

Et une fois que nous aurons négocié un nouvel accord, nous offrirons aux Britanniques un référendum avec un choix très simple: rester ou sortir. Rester dans l’UE sur la base de ces nouvelles conditions, ou en sortir pour de bon.

Ce sera un référendum “rester ou sortir”.

La législation voulue sera mise au point avant le prochain scrutin. Et si un gouvernement conservateur est élu, nous présenterons immédiatement la loi d’habilitation et nous la ferons adopter à la fin de l’année. Et nous mènerons à bien cette négociation, et nous organiserons ce référendum dans la première moitié de cette prochaine législature.

Il est temps que le peuple britannique ait son mot à dire. Il est temps de régler cette question européenne pour ce qui est de la politique en Grande-Bretagne.

La prise de décision

Je dis aux Britanniques: c’est vous qui allez décider.

Et quand le moment viendra, vous aurez un choix important à faire pour le destin de notre pays.

Je comprends que se lancer tout seul, tracer notre propre voie, puisse avoir de l’attrait. Mais il s’agit là d’une décision que nous devrons prendre la tête froide. Dans le débat, les partisans de l’un et l’autre bord devront éviter d’exagérer leurs arguments.

Il est évident que la Grande-Bretagne serait en mesure de suivre sa propre voie dans le monde, en dehors de l’UE, si tel était notre choix. Et n’importe quel autre Etat membre le pourrait aussi.

Mais la question que nous allons avoir à nous poser est celle-ci: est-ce là le meilleur des avenirs pour notre pays? Nous devrons évaluer soigneusement ce qui correspond à notre véritable intérêt national.

Seuls, nous serions libres de décider par nous-mêmes, de même que nous serions libérés de notre obligation solennelle de défendre nos alliés si nous quittions l’OTAN.

Mais nous ne quittons pas l’OTAN car il est de notre intérêt national que nous y restions afin de bénéficier de la garantie de défense collective qui y est attachée.

Nous avons davantage de pouvoir et d’influence – que nous appliquions des sanctions contre l’Iran ou la Syrie, ou que nous soutenions la démocratie en Birmanie – si nous pouvons agir ensemble.

Si nous quittons l’UE, nous ne pourrons évidemment pas quitter l’Europe. Elle restera des années durant notre plus grand marché, et pour toujours notre voisin géographique. Nous sommes liés par un maillage complexe d’engagements juridiques.

Des centaines de milliers de Britanniques prennent désormais pour acquis leur droit de travailler, d’habiter ou de prendre leur retraite dans n’importe quel pays de l’UE.

Même si nous nous retirions complètement, les décisions prises au sein de l’UE continueraient à avoir un effet très profond sur notre pays. Mais nous aurions perdu tous les droits de veto qui nous restaient ainsi que le droit de nous prononcer sur ces décisions.

Il faudra que nous examinions très soigneusement les conséquences qu’il y aurait pour nous à ne plus nous trouver au sein de l’UE et du marché unique, à titre de membre à part entière.

L’accès continu au Marché unique est vital pour les entreprises et pour l’emploi en Grande-Bretagne.

Depuis 2004, la Grande-Bretagne a été la destinataire d’un investissement intra-UE sur cinq.

Et notre appartenance au Marché unique a été la clef de ce succès.

Il va y avoir tout le temps voulu pour jauger et dans tous les sens tous les arguments pour ou contre les dispositions que nous négocierons. Mais permettez-moi d‘aborder une question dont on parle beaucoup.

Certains suggèrent que nous pourrions devenir comme la Norvège ou comme la Suisse – avec accès au marché unique mais tout en restant en dehors de l’UE. Mais cela serait-il vraiment dans notre intérêt le mieux compris ?

J’ai de l’admiration pour ces pays et ce sont nos amis – mais ils sont très différents par rapport à nous. La Norvège est assise sur les réserves d’énergie les plus importantes d’Europe et son fonds d’investissement souverain se monte à plus de 500 milliards d’euros. Et si la Norvège fait partie du marché unique – et paie pour le principe – elle n’a aucune voix au chapitre s’agissant de la fixation des règles: elle n’a rien d’autre à faire que mettre en œuvre les directives.

Les Suisses doivent négocier leur accès au Marché unique secteur par secteur. Accepter les règles de l’UE – sur lesquelles ils n’ont pas leur mot à dire – ou alors ne pas avoir pleinement accès au Marché unique, y compris dans des secteurs de première importance comme celui des services financiers.

Le fait est que dès lors que l’on adhère à une organisation comme l’Union européenne, il y a des règles.

On n’obtient pas toujours ce que l’on veut. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille se retirer – du moins tant que les avantages de l’adhésion et de la coopération sont supérieurs à ceux du retrait.

Nous allons aussi devoir réfléchir soigneusement aux effets que cela va avoir sur notre influence dans les plus hautes sphères internationales. Il n’y a aucun doute que nous sommes plus puissants à Washington, à Beijing, à Dehli du fait que nous sommes un membre de tout premier plan de l’Union européenne.

Cela a son importance pour l’emploi en Grande-Bretagne et pour la sécurité de la Grande-Bretagne.

Cela a de l’importance pour notre capacité à agir à travers le monde. Cela a de l’importance pour les Etats-Unis et autres pays amis dans le monde, et c’est pourquoi ils sont nombreux à nous dire très clairement qu’ils souhaitent que la Grande-Bretagne reste dans l’UE.

Nous devrons réfléchir très soigneusement avant d’abandonner cette position. Si nous quittions l’Union européenne, ce serait un aller simple, et non un aller-retour.

Nous allons donc avoir le temps pour un débat véritable et raisonné.

Au terme de ce débat, c’est vous, les Britanniques, qui déciderez.

Et je dis à nos partenaires européens, si contrariés que certains le soient sans nul doute par l’attitude de la Grande-Bretagne: travaillez avec nous là-dessus.

Voyez les mesures extraordinaires que les membres de la zone Euro prennent actuellement pour consolider l’euro, des mesures qui, il y a seulement un an, auraient semblé impossibles.

Il ne m’apparaît pas que les mesures qu’il faudrait prendre pour rendre la Grande-Bretagne – et d’autres pays – plus à l’aise dans leurs rapports avec l’Union européenne soient par nature si irréalistes ou déraisonnables.

Et de même que je suis convaincu que la Grande-Bretagne devrait vouloir rester dans l’UE, l’UE devrait aussi vouloir que nous restions.

Car l’UE sans la Grande-Bretagne, sans l’une des puissances majeures de l’Europe, un pays qui de bien des manières a inventé le marché unique, et qui contribue réellement au poids de l’Europe sur la scène internationale, qui observe les règles du jeu et qui milite pour une réforme libérale de l’économie – cette Union européenne-là serait très différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

Et il serait difficile de soutenir que l’UE ne serait pas sérieusement diminuée par le retrait de la Grande-Bretagne.

Conclusion

Permettez-moi de conclure en disant ceci.

Je n’ai aucune illusion sur l’ampleur de la tâche qui nous attend.

Je sais bien que certains vont dire que la vision que je viens d’exposer sera impossible à réaliser. Qu’il n’y aucune chance que nos partenaires coopèrent. Que les Britanniques se sont placés eux-mêmes sur la trajectoire d’une sortie inexorable.

Et que si nous ne nous sentons pas à l’aise dans l’UE après 40 ans, nous ne le serons jamais.

Mais je refuse de prendre une attitude aussi défaitiste, que ce soit pour la Grande-Bretagne ou pour l’Europe.

Parce qu’avec du courage et de la conviction, je suis persuadé que nous pourrons déboucher sur une Union européenne plus flexible, plus adaptable et plus ouverte, une Union où les intérêts et les ambitions de tous les membres pourront être satisfaits.

Avec du courage et de la conviction, je suis persuadé que nous pourrons obtenir de nouvelles conditions dans lesquelles la Grande-Bretagne se sentira à l’aise et qui permettront à tous nos pays de prospérer.

Et quand viendra le référendum, permettez-moi de dire maintenant que si nous pouvons négocier un tel arrangement, je ferai campagne en sa faveur de tout mon cœur et de toute mon âme.

Car il y a quelque chose en quoi je crois très profondément. C’est que l’intérêt national de la Grande-Bretagne est mieux servi par une Union européenne flexible, adaptable et ouverte, et qu’une telle Union européenne ne pourrait être meilleure qu’en comptant en son sein la Grande-Bretagne.

Pendant les semaines, les mois et les années à venir, je vais m’attacher sans relâche à l’emporter dans ce débat. Pour l’avenir de mon pays. Pour la réussite de l’Union européenne. Et pour la prospérité de nos peuples et les générations à venir.

Publié le 23 January 2013