Discours

Semaine de la Francophonie 2016

Discours de Jo Johnson sur l'importance de la coopération entre la France et le Royaume-Uni, leaders mondiaux dans le domaine des sciences.

Jo Johnson

Prenez garde: je vais parler en français!

Un grand débat agite le pays. Les prises de position des 2 côtés sont inébranlables; chacun campe fermement sur ses positions. Des familles divisées. Même frère contre frère. La question est de garder l’existant, imparfait mais réformable, ou de faire un saut dans l’inconnu. Je parle, bien sûr, du débat crucial pour la langue française sur l’abandon de l’accent circonflexe!

Je suis ravi d’avoir été invité aujourd’hui. La semaine de la francophonie est une célébration d’une langue magnifique. De mon enfance à Bruxelles, à mon ‘MBA’ à Fontainebleau, en passant par mon expérience de journaliste au ‘Financial Times’ à Paris, où je me suis marié et où ma fille est née à l’hôpital Franco-Britannique, faire l’effort de parler français a toujours été une partie importante de ma vie.

Cette semaine, c’est la force de cohésion de la langue française qui nous intéresse. Comment le français peut unir les gens à travers le monde. En tant que Ministre pour la science, l‘enseignement supérieur et l’innovation, je vois aujourd’hui comment la curiosité scientifique et le désir de faire face aux défis mondiaux, que nous partageons, jouent un rôle similaire en unissant nos 2 cultures.

Le Royaume-Uni collabore avec la France parce qu’elle est un leader mondial dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Le centre de recherche multidisciplinaire le plus important au monde, le CNRS, se trouve en France. Et la France abrite de nombreuses organisations internationales de recherche importantes telles que l’agence spatiale européenne et l’OCDE.

Nos 2 pays ont travaillé ensemble sur des projets de recherche de la Commission européenne, comme Horizon 2020. Sous le précédent programme cadre, FP7, 3,600 projets impliquaient des partenaires français et britanniques.

En effet, la France est le quatrième partenaire international d’importance pour le Royaume-Uni et le Royaume-Uni est le troisième partenaire pour la France. Les collaborations franco-britanniques en matière de recherche entre 2008 et 2012 ont augmenté l’impact des articles de plus de 80% en termes de citations par rapport à la moyenne britannique.

Cette collaboration mutuellement avantageuse s’attaque à des défis d’avenir. En décembre dernier, la France a exercé un leadership réussi de la COP21, afin de répondre au mieux aux menaces sur notre environnement. Nous sommes impatients de continuer à travailler ensemble dans le cadre de la Mission Innovation. Il est crucial de s’appuyer sur le succès de la COP21 pour la suite – et vous pouvez compter sur nous pour le faire.

La science et la recherche ne sont, évidemment, pas le seul domaine dans lequel nous coopérons. Le secteur financier britannique, qui est central à notre prospérité, est aussi emblématique de nos liens étroits et mutuellement bénéfiques. Toutes nos banques et tous nos assureurs emploient des salariés français qui occupent des postes à responsabilité. Avec Xavier Rolet il y a même un français à la tête du ‘London Stock Exchange’ depuis 7 ans!

De grandes entreprises françaises ont trouvé un terrain propice pour leurs activités au Royaume-Uni. Des entreprises comme AXA, la Société Générale ou BNP Paribas emploient des milliers de salariés dans mon pays. Et cela n’est pas seulement, comme le veut le cliché, à Londres. AXA est présent à Ipswich et à Basingstoke dans le Sud de l’Angleterre et la Société Générale est aussi à Cambridge, Manchester et Edimbourg.

En plus des talents recrutés et des milliers d’emplois, l’Union européenne est aussi le plus grand marché d’exportations de services financiers et génère un excédent commercial de £20bn −plus qu’un tiers de l’excédent commercial du Royaume-Uni en services financiers en 2013.

Mais il faut souvenir que si Londres attire autant de capitaux du monde entier, c’est en grande partie aussi grâce à son appartenance à l’Union européenne, et que cela bénéficie également à l’UE: l’industrie de la finance est une industrie de pointe et d’excellence en Europe, au même titre que l’industrie aérospatiale française. La mettre en danger, c’est faire le jeu de New York, de Hong Kong et des nouvelles places montantes dans les pays émergents. Affaiblir Londres, c’est se tirer une balle dans le pied pour toute l’Union Européenne.

L’Union européenne a des avantages clairs pour notre économie, pour la City, pour la science et pour notre capacité à relever des défis mondiaux de l’avenir. Notre désir de prospérer dans une économie de la connaissance, réunit nos 2 pays. Pour ce faire, il faut que nous renforcions nos liens au lieu de les affaiblir.

Chers amis, il est clair que la Grande Bretagne sera plus sûre et plus forte, et qu’elle se portera mieux – ‘safer, stronger and better off’ - le slogan sonne mieux en anglais! – si nous restons dans une Union européenne reformée, dans laquelle la France et le Royaume-Uni continuent à travailler main dans la main, quel que soit l’avenir pour l’accent circonflexe.

Publié le 29 March 2016