Discours

RDC: Discours de l'ambassadeur à la fête de la Reine à Kinshasa

Discours de l'ambassadeur britannique en RDC, Dr John Murton, à l'occasion de la fête de la Reine le 14 juin 2018.

John Murton, Ambassadeur birtannique en RDC, prononçant son discours

Bienvenue à tous à cette célébration de l’anniversaire de notre Reine, sa Majesté Elizabeth II.

C’est un jour de plusieurs célébrations et je souhaite une bonne Eid al-Fitr à tous les musulmans ici présents. Eid Mubarak!

C’est aussi le début de la coupe du Monde et je félicite mon collègue Russe pour sa victoire contre les Saoudiens cet après-midi et pour l’organisation de la vingt et unième édition de la Coupe du Monde.

Comme vous le savez bien, Les Léopards de la RDC ne seront pas présents en Russie. Mais nous, les Lions d’Angleterre, sommes là et, lundi prochain, nous vous vengerons contre la Tunisie. Alors je demande à tous les Congolais ici présents de nous soutenir!

Juste comme à la Coupe du Monde, nous avons des sponsors ce soir. Je voudrais les remercier tous : nos sponsors Or : Vodacom et Randgold ; notre sponsor Argent : Vlisco ; et nos sponsors Bronze : Diageo et G4S.

Toutes ces entreprises ont des liens forts avec l’Angleterre et contribuent considérablement à la prospérité de la RDC. Je vous prie de vous joindre à moi pour exprimer notre gratitude envers elles par des applaudissements !

Cette année, ça fait 129 ans sur 180 que nous nous réjouissons d’avoir un chef d’état femme. C’est la célébration de ce leadership féminin qui nous donne le privilège d’avoir parmi nous ce soir, ces deux remarquables femmes de la RDC qui excellent dans leurs domaines respectifs. Sous vos applaudissements, je vous prie d’accueillir avec moi, Mesdames Jeanine Mabunda et Sandrine Mubenga.

La Reine Elizabeth est la plus remarquable des monarques. Pendant son long règne, elle a vu la pendule de l’histoire basculer sur de nombreuses questions.

Par exemple, ceux de ma génération ne peuvent se souvenir que des équipes Anglaises pitoyables. Mais après maintenant soixante-cinq ans sur le trône, la Reine peut même se souvenir d’avoir remis la Coupe du monde à l’équipe anglaise en mille neuf cent soixante-dix.

La pendule bascule et je suis heureux de prédire que la Reine va nous voir remporter à nouveau la Coupe du Monde dans quatre semaines.

Plus sérieusement, elle a vu la construction du mur de Berlin, et sa chute.

Elle a vu la création de l’Union européenne, et nous a vus voter pour l’intégrer et, quarante-cinq ans plus tard, pour la quitter.

La Reine a perduré à travers tous ces moments importants de notre vie.

Certains ont suggéré que la célébration de son long règne crée un mauvais précédent pour les autres. Mais la réalité est qu’elle a respecté avec assiduité les dispositions constitutionnelles du Royaume-Uni, ne dépassant jamais les bornes, toujours consciente des limites et des responsabilités de son rôle.

Elle a connu 13 premiers ministres, de Winston Churchill à Theresa May. Chaque fois que notre gouvernement a changé, elle a supervisé le transfert pacifique et ordonné du pouvoir.

Un de ses premiers ministres, Harold MacMillan, en visitant l’Afrique en mille neuf cent soixante, a parlé d’un « vent du changement » qui soufflait à travers le continent africain. Il a précisé que la Grande-Bretagne ne s’opposerait pas à l’indépendance de ses colonies.

58 ans plus tard, il semble qu’un nouveau vent de changement souffle encore sur l’Afrique. Beaucoup de nations connaissent une prospérité rapide et croissante.

Parallèlement, beaucoup de nations bénéficient des avantages de transitions politiques pacifiques : dans les douze derniers mois nous avons vu le transfert pacifique du pouvoir en Afrique du Sud, Botswana et en Angola. Il y a quelques jours que Président Nkurunziza de Burundi a déclaré qu’il ne se présentera pas comme candidat lors de la prochaine élection dans son pays.

Un vent de changement a également été opéré dans mon propre pays. En 2016, lors d’un référendum, le peuple britannique a voté pour sortir de l’Union Européenne. C’est donc notre dernière célébration de l’anniversaire de la Reine en tant qu’Etat-membre.

Le référendum a été âprement gagné et le résultat, bien que clair, était serré. Beaucoup de familles, y compris la mienne, ont été divisées. Mais la classe politique et les fonctionnaires du Royaume-Uni restent unis sur le fait qu’il est impératif que nous respections la volonté du peuple et que nous mettions en œuvre sa décision.

Notre départ de l’Union européenne offre de nouvelles-opportunités dans nos relations avec l’Afrique. Nous renforcerons chaque ambassade et nous nous tournerons vers l’extérieur comme un ‘Global Britain’ - une Grande-Bretagne axée sur le monde.

Une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, il est probable que nous soyons libres de signer des partenariats pour de nouveaux échanges commerciaux avec des pays africains. C’est notre intention de maintenir ou d’accroître l’accès aux marchés Britanniques. J’espère voir plus de produits congolais sur les rayons de Tesco et Sainsburys.

Après le Brexit, nous continuerons notre politique de développement et une politique étrangère qui soutient la lutte contre la pauvreté et l’instabilité. Je suis fier que le Royaume-Uni soit le seul pays de l’Organisation de Coopération et Développement Economique à consacrer 0,7% de Revenu National Brut à l’aide au développement et aussi deux pourcents à la défense et à la sécurité. Par conséquent, nous dépensons, à travers nos fonds bilatéraux et multilatéraux, plus d’1,4 millions de dollars par jour en RDC pour assurer sa stabilité et améliorer la vie des gens ordinaires.

Notre Ministère de la Coopération Internationale sous la bannière d’UKAid abat un travail remarquable. La RDC abrite un des plus grands programmes de développement de la coopération Britannique en Afrique. Nous sommes particulièrement fiers d’être le deuxième plus important bailleur humanitaire ici. Face aux crises humanitaires récurrentes, nous avons fourni vivres, eau, abris et sécurité à deux virgule cinq million de personnes entre deux mille douze et deux mille dix-sept. Nous soutiendrons trois millions de personnes supplémentaires au cours des cinq prochaines années, sans oublier les efforts récents pour soutenir la riposte à Ebola.

Nous ne sommes pas seulement un bailleur humanitaire. Nous travaillons dans tout le pays pour garantir les services de santé, l’eau, l’assainissement et l’éducation. Nous appuyons également le secteur privé, notamment dans les marchés du café, du cacao et de l’énergie renouvelable. Si vous avez le temps, n’hésitez pas d’aller au stand de ‘Elan’ ici dans le jardin. D’ici 2020, nous aiderons un million de personnes pauvres à gagner leurs propres vies en appuyant les entrepreneurs et les petits producteurs.

Respectueux de la souveraineté du Congo, nous avons aussi des programmes pour soutenir le processus démocratique en RDC, y compris le processus électoral en cours.

Soyons tout à fait clairs : le Royaume-Uni soutient le processus électoral mais ne supporte aucun parti politique au Congo, ni aucun candidat potentiel aux différents scrutins. Il appartient au peuple congolais de faire son choix conformément à sa constitution, de manière libre, équitable et crédible ; et que la vérité des urnes soit respectée par tous.

Nous saluons les progrès réalisés à ce jour, par toutes les parties prenantes au processus électoral, notamment la CENI. Nous sommes prêts à offrir de l’aide supplémentaire si nécessaire, y compris pour l’analyse de l’utilisation de la ‘machine à voter’ si la CENI le veut. Parfois, un avis technique indépendant peut aider à ramener la confiance et le consensus entre acteurs.

Depuis sa publication, le calendrier tel qu’annoncé suit son cours, en dépit de quelques défis. Nous attendons donc avec impatience le 19 janvier de l’année prochaine, lorsque le Président Kabila sera le premier président dans l’histoire du Congo à transférer le pouvoir pacifiquement à son successeur élu de manière démocratique. Ce sera l’un des héritages durables du Président.

Hélas, certains autres rêves de 2018 ne pourraient pas se réaliser. Et nous, diplomates, devons rester réalistes et gérer nos attentes. Juste comme les Congolais doivent attendre Qatar 2022 pour se qualifier, en toute honnêteté je pense qu’il faudra attendre Qatar avant que l’équipe de football d’Angleterre ne soulève à nouveau le Trophée Jules Rimet.

Dans mes rêves, j’espère que c’est le nouveau président (ou la nouvelle présidente !) de la RDC qui sera là à la fin du tournoi pour applaudir les Léopards dans leur première finale de la coupe du monde, malgré leur défaite par leurs adversaires amis, les Lions d’Angleterre.

Pour finir, levons un toast à Sa Majesté La Reine et au peuple britannique ainsi qu’au Président et au peuple de la République Démocratique du Congo.

Je vous remercie

Publié le 15 June 2018