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Déclaration de l`envoyée spéciale du Royaume-Uni pour les Grands-Lacs, Danae Dholakia

Danae Dholakia a réiteré l'importance des relations entre le Royaume-Uni et la République Démocratique du Congo lors de sa visite au mois de mai en RDC.

Danae Dholakia, UK Special Envoy for the Great Lakes

Danae Dholakia, UK Special Envoy for the Great Lakes

Je suis très heureuse d’être de retour à Kinshasa, où j’ai eu des échanges très constructifs et utiles au cours des deux derniers jours. Comme je l’ai dit lors de ma visite en République démocratique du Congo en novembre de l’année dernière, les relations entre le Royaume-Uni et la République démocratique du Congo revêtent une grande importance pour nous. Je le répète maintenant. La RDC a parcouru un long chemin ces dernières années. Par le biais de son demi-milliard de dollars américains dépensé chaque année dans ce pays, le Royaume-Uni a toujours accompagné la RDC tout au long de ce voyage et est fier d’avoir joué un rôle important en soutenant les progrès réalisés. Le Royaume-Uni est et sera toujours, un ami engagé de la RDC.

Mais parfois entre amis de dures vérités doivent se dire, et aucun vrai ami de la RDC ne dirait aujourd’hui que tout va bien au Congo. En particulier, il y a un risque que les gains économiques et sociaux réalisés au cours des dix dernières années puissent être compromis, si la Constitution qui a été la toile de fond de ces gains n’est pas respectée. En plus, l’insécurité dans l’Est du pays ne cesse de croître avec des impacts terribles comme nous le démontrent les massacres atroces commis ces derniers jours. Cela nous préoccupe énormément.

Le Royaume-Uni estime que la RDC reste un pays offrant d’énormes opportunités et potentialités. Son avenir réside entre les mains du peuple congolais et de ses représentants politiques, pas quelqu’un d’autre. Lors de ma visite, il a été de plus en plus clair pour moi que la foi en la démocratie en RDC est forte. Je crois que cela devrait constituer une cause de célébration, car une plus grande redevabilité signifie une meilleure gouvernance, ce qui signifie une économie plus forte, de meilleurs services publics et un avenir meilleur pour chaque personne. Alors que toutes les élections sont importantes, l’avis unanime du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et de plusieurs personnes que j’ai rencontrées ici est que la priorité devrait être accordée aux élections présidentielles et législatives.

Mais beaucoup des personnes que j’ai rencontrées au cours des deux derniers jours sont pessimistes pour l’avenir. Avant tout, ils craignent que le gouvernement, qui est ultimement responsable, n’a aucune intention d’organiser les élections dans un futur proche. Ce n’est peut-être pas le cas, mais ces spéculations néfastes sont inévitables en cas de manque de clarté. En tout état de cause, le Dialogue officiellement convoqué il y a six mois n’a pas encore commencé, et il existe clairement beaucoup de méfiance de tous les côtés. Pendant ce temps, l’espace politique continue de se refermer, et j’ai entendu une préoccupation particulière sur la récente répression politique dans la province de Haut-Katanga. J’espère sincèrement que les récentes accusations portées contre Moise Katumbi, le candidat de l’opposition, ne sont pas une extension du resserrement de cet espace politique. Au Burundi, nous avons constaté que les actions du gouvernement a conduit à des sanctions contre un certain nombre de personnalités au sein du gouvernement et des services de sécurité. La position du Royaume-Uni est que les personnes responsables des actes de répression ou de violence porteront la responsabilité de leurs actions ou décisions.

Il est évident que la classe politique congolaise doit s’unir sous une certaine forme pour décider sur une date pour la tenue des élections présidentielles. Mais pour un dialogue devant aboutir à une solution durable à l’impasse actuelle, doit être inclusif. Un dialogue qui ne reflète pas les vues de la grande majorité de la population congolaise perdrait un temps précieux et risquerait d’être un pas en arrière. Par conséquent, dans l’esprit de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, j’exhorte la majorité présidentielle et l’Opposition à faire preuve de souplesse. Dans ce cadre, le gouvernement doit libérer, dans les meilleurs délais, tous les prisonniers politiques et prisonniers d’opinion.

Lors de ma dernière visite, j’ai dit clairement que le Royaume-Uni serait en mesure de décaisser sa contribution financière aux élections, pour autant que l’engagement politique à la tenue desdites élections soit clair. Cette contribution a été fixée à 17 millions $US. Depuis ce temps, il a été encourageant de voir que le gouvernement continue à verser des fonds à la CENI, et que les projets de loi électorale ont été envoyés au Parlement pour examen. Dès qu’il y a des signes clairs de progrès quant à la tenue des élections conformément à la résolution 2277, nous serons ravis d’apporter une contribution. Le Président Kabila a été très clair que c’est au bout du compte la responsabilité du gouvernement d’assurer que les élections aient lieu en RDC.

Pendant de nombreuses années, la stabilité macroéconomique et la croissance de la RDC a fait l’envie de la région. Des mesures concrètes en vue de la tenue de ces élections, non seulement qu’elles apaiseront la situation politique mais elles stimuleront au plan national et international la confiance en l’économie congolaise, qui a été affaiblie ces derniers mois.

Dans l’intérêt de tous, une voie de sortie de cette impasse politique doit être trouvée rapidement. Sinon, comme le Burundi continue à le démontrer, les risques de s’écarter de l’ordre constitutionnel sont réels pour toutes les parties”.

Publié le 13 May 2016