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Présentation du Protocole International au gouvernement de RDC

La représentante spéciale du Premier Ministre en matière de prévention des violences sexuelles était en visite en RDC du 5 au 7 octobre 2015.

The Baroness Joyce Anelay, Prime Minister's Special Representative on Preventing Sexual Violence in Conflict, presenting the International Protocol to Jeanine Mabunda, Presidential Adviser on Sexual Violence and Child Recruitment in DRC

The Baroness Joyce Anelay, Prime Minister's Special Representative on Preventing Sexual Violence in Conflict, presenting the International Protocol to Jeanine Mabunda, Presidential Adviser on Sexual Violence and Child Recruitment in DRC

Le 5 octobre 2015, la Très-Honorable Baronne Anelay of St Johns a présenté officiellement le Protocole International relatif aux enquêtes sur les violences sexuelles dans les situations de conflit au gouvernement de RDC. Lors d’une réception organisée à l’ambassade Grande Bretagne, elle s’est adressée aux nombreux invités en ces termes :

“C’est un réel plaisir pour moi d’être là aujourd’hui – et de rencontrer un si grand nombre de personnes qui soutiennent le travail de lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.

Comme vous devez tous le savoir, le conflit dévastateur dont ce pays a souffert met en lumière le pouvoir destructeur du viol et de violences sexuelles comme armes de guerre.

Depuis quelque temps en RDC et ailleurs, il existe un sens écrasant de l’inévitable – perpétuant ainsi l’opinion longtemps dominante selon laquelle le viol est quelque peu une partie inévitable de la guerre.

Je ne l’accepte pas simplement

Le viol n’est pas une partie inévitable de la guerre…

Ce que je reconnais vraiment, est que depuis longtemps les violences sexuelles dans les conflits ont été dissimulées.

C’est une opinion que le Gouvernement britannique est déterminé à inverser.

L’année dernière en juin et juillet, le Royaume-Uni a accueilli deux sommets de référence - le Sommet Mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits et le Sommet de filles.

Ces événements d’avant-garde ont réuni des experts, décideurs, représentants de sociétés civiles, y compris certaines personnes présentes ici aujourd’hui - et surtout, les braves femmes et filles - qui sont trop souvent victimes d’actes de violences inqualifiables.

L’ampleur du soutien international pendant ces événements était un reflet remarquable d’une détermination collective croissante - une détermination de mettre fin - une fois pour toutes - à ces pratiques dévastatrices.

Les sommets de l’année dernière et la campagne menée par le Royaume-Uni pour mettre fin aux violences sexuelles dans les zones de conflits - lancée il y a trois ans - étaient juste un point de départ.

Nous devons maintenant exploiter l’élan qu’ils ont engendré.

Maintenant, il est temps d’agir

Au cours de l’année dernière, mes collègues et moi du Ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth ainsi que du Ministère de la Coopération internationale (DFID) avions travaillé étroitement avec des partenaires à travers le monde – pour relever résolument ce défi et transformer les engagements pris lors de ces sommets en résultats sur le terrain.

Le gouvernement de la RDC est, bien sûr, un partenaire crucial dans ce travail essentiel. J’ai le plaisir de dire, qu’il a accompli beaucoup de progrès. Non de moindres, parmi ses réalisations, l’on peut citer : • La publication de sa stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles ; • La mise sur pied d’un plan d’action pour l’armée congolaise • La nomination par le président Kabila de Madame Mabunda comme son Représentante spéciale en matière de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement d’enfants ; et • les poursuites judiciaires contre les officiers de haut rang de l’armée et le paiement de réparations aux victimes de violences sexuelles liées aux conflits.

Ce sont des étapes impressionnantes – montrant l’engagement clair du gouvernement congolais à l’action réelle, pratique.

Le Royaume-Uni continuera d’être un partenaire de la RDC dans ce travail – non de moindre à travers la formation sur la documentation et l’enquête sur les violences sexuelles dans les zones de conflits - et à travers un financement de 203 millions de livres (plus de 300 millions de dollars) du programmes financé par la coopération britannique en RDC - qui touchent aux questions complexes qui contribuent aux violences sexuelles et celles basées sur le genre.

Cependant, malgré ces étapes positives, nous ne pouvons verser dans l’autosatisfaction.

Depuis les deux sommets, l’ONU a rapporté des milliers de nouveaux cas de violences sexuelles – particulièrement dans le Nord-Kivu et la Province Orientale.

Il est clair que nous ne porterons pas les fruits de notre travail subitement en un jour. Notre travail doit être à long terme - et pas seulement en DRC, mais à travers le monde.

Nous devons continuer à prendre des mesures pratiques si nous devons débarrasser le monde de toutes les formes des violences à l’égard des filles et des femmes.

Voilà pourquoi, j’ai organisé un événement aux Nations Unies il y a deux semaines, pour voir les efforts additionnels que les Etats, organisations internationales et société civile peuvent déployer particulièrement pour aborder certaines causes sous-jacentes de violences sexuelles et d’inégalité ; comment nous pouvons travailler ensemble de manière plus efficace ; comment nous pouvons apprendre les uns des autres – et s’inspirer mutuellement des points forts des uns et des autres.

Je suis passionnée par cet ordre du jour - et je n’ai aucun doute que nous réaliserons de vrais progrès si nous respectons les trois buts suivants : • Premièrement, assurer que le viol et les crimes de violences sexuelles sont reconnus et traités comme des crimes sérieux de guerre ; • Deuxièmement, assurer que la réponse aux violences sexuelles dans les conflits est une partie intégrante de nos discussions sur la paix internationale et la sécurité ; • Et troisièmement, faire avancer notre travail pour mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes sexuels dans les zones de guerre.

Bien sûr, je reconnais que le changement des cadres légaux et les discussions politiques ne suffiront pas à eux seuls. Nous devons trouver les moyens de changer les attitudes culturelles établies… et je sais depuis plus de 30 ans dans la vie politique que les politiciens et les gouvernements ne peuvent gérer seuls ce genre de changement.

En effet, c’est impossible pour un gouvernement, une organisation internationale ou un groupe de la société civile de réaliser le changement, à moins de travailler en collaboration.

Il est d’une importance capitale que nous apportions nos idées collectives, notre énergie collective, nos ressources collectives – pour qu’ainsi les générations futures soient épargnées de la souffrance perpétuelle et de la dévastation qui sont profondément ressenties dans les communautés du monde entier aujourd’hui.

Certains disent que nous ne réussirons pas … que les attitudes sont trop enracinées … que les barrières avant nous sont trop importantes.

Je ne suis pas du tout d’accord.

L’histoire a montré qu’il est possible de changer des pratiques barbares dans le conflit – partant des Conventions de Genève de 1949 à l’interdiction internationale de l’utilisation des mines terrestres de 1997.

Cela peut être fait.

Nous avons ici tant une occasion qu’une responsabilité de faire plus pour mettre fin à la violence systématique contre les femmes et les filles une fois pour toute, et de nous assurer que les auteurs répondent de leurs crimes

D’où l’importance du Protocole d’accord. Le produit d’un effort international conjoint – mettant ensemble des experts venus du monde entier – c’est un outil pratique qui aide à documenter ces crimes horribles afin que les responsables soient traduits en justice.

J’espère que cet instrument aidera ceux d’entre vous ici en RDC qui cherchent à matérialiser ce projet. Aujourd’hui je voudrais envoyer le message que le Royaume-Uni est ici pour vous appuyer.

C’est pourquoi je suis heureuse d’annoncer ce jour l’appui du Royaume-Uni à un nouveau projet avec TRIAL pour former des avocats à Bukavu sur l’usage du Protocole International pour la Documentation et l’enquête sur les violences sexuelles dans les zones de conflits. TRIAL est une merveilleuse organisation qui est active à travers le monde, et qui aide de façon pratique à mettre fin à l’impunité des crimes internationaux.

A travers ce projet novateur, TRIAL va aider les victimes à avoir accès à la justice nationale et internationale ; à soutenir les avocats pour qu’ils puissent développer et soumettre des affaires solides ; et former les défenseurs des droits de l’homme.
Ceci donnera à ceux qui travaillent avec les victimes des outils dont ils ont besoin pour améliorer la documentation et la poursuite judiciaire de ces crimes odieux – et assurer que les victimes ont accès à l’appui dont elles ont besoin pour reconstruire leurs vies.

Par ailleurs, afin de s’assurer que le Protocole international soit aussi accessible que possible en RDC, je suis heureuse d’annoncer que le Royaume-Uni assurera sa traduction en Lingala et en Swahili.

Je voudrais conclure mes observations en rendant un hommage au travail déployé par le Gouvernement de la RDC ; aux personnes courageuses dont beaucoup d’entre vous ici présents, et à celles que je rencontrerai à Goma au cours de ma visite ; et aux membres de la société civile qui travaillent sur ces questions nuit et jour.

Toutes ces personnes démontrent qu’il est possible d’agir – de pouvoir s’attaquer à ces crimes – qu’il existe de l’espoir pour un avenir sans violences sexuelles dans les zones de conflits.

J’attends avec impatience de continuer notre travail. Ensemble, nous pouvons faire la différence.”

Publié le 8 October 2015